L’accompagnement des jeunes vulnérables

Silvia Sanchini

Translated by Jean Tonglet

p. 21-22

Translated from:
Ragazzi fuori famiglia e care leaver in Italia durante il lockdown e oltre: teniamo alta l’attenzione

References

Bibliographical reference

Silvia Sanchini, « L’accompagnement des jeunes vulnérables », Revue Quart Monde, 256 | 2020/4, 21-22.

Electronic reference

Silvia Sanchini, « L’accompagnement des jeunes vulnérables », Revue Quart Monde [Online], 256 | 2020/4, Online since 01 June 2021, connection on 28 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10077

L’association Agevolando, avec un groupe d’organisations, de professionnels et de citoyens se sont mobilisés pour inviter à la vigilance et au soutien des enfants vulnérables vivant hors de leur famille en Italie, pendant et après le confinement.

Texte traduit de l’italien par Jean Tonglet

On a beaucoup parlé de l’urgence sanitaire qui a frappé le monde ces derniers mois. On parle aussi des conséquences économiques de cette crise, mais l’urgence sociale qu’elle a provoquée ne peut être sous-estimée.

Moments difficiles dans les communautés et foyers d’accueil

En Italie, ce n’est que 53 jours après le début du confinement, que le mot « enfants »1 a été prononcé par le président du Conseil, Giuseppe Conte. L’association Agevolando2, avec un groupe d’organisations, de professionnels et de citoyens, a voulu attirer l’attention sur ce thème en proposant un décret ministériel dédié aux enfants, soutenu par une pétition publiée sur Change.org qui a récolté plus de 5 000 signatures3.

Si, à juste titre, on a fait l’éloge de nombreuses catégories professionnelles qui n’ont jamais cessé de travailler, même pendant les semaines les plus difficiles, la même attention n’a pas été consacrée aux éducateurs professionnels et en général au monde des communautés d’accueil et des foyers familiaux.

Il existe 4 027 communautés pour mineurs en Italie, avec une moyenne de 8,1 hôtes par communauté.

Ces structures d’accueil se sont retrouvées non préparées à faire face à l’urgence. Par exemple, un coordinateur pédagogique a déclaré :

« Il était difficile au début pour les éducateurs et les jeunes de comprendre comment se comporter et agir dans des environnements où tant de gens vivent. Nous n’avions pas assez de masques ou de gels sanitaires, nous avons pris des risques. Nous avons dû interrompre les rencontres entre les enfants et leurs familles et interdire l’entrée dans la communauté de personnes extérieures. Heureusement, cette situation difficile a également donné naissance à une grande collaboration entre les éducateurs et les jeunes ».

De nombreux récits ont été recueillis par le biais du hashtag #IoRestoInCommunity, suite à l’intuition d’un éducateur de Bologne. Il en ressort l’histoire d’une Italie travailleuse et solidaire, qui a résisté et surmonté les moments difficiles avec compétence et créativité.

Vulnérabilité des jeunes sortant d’institutions

Mais si les garçons et les filles accueillis en communauté ou en famille d’accueil ont rencontré de grandes difficultés, les jeunes en sortie de ces institutions ont été plongés dans une solitude et une vulnérabilité plus grandes encore. Sortis des circuits de l’accueil, ils ont rarement pu compter sur un réseau social adéquat. Nous avons ainsi reçu des récits de jeunes retournés sans soutien dans leur famille d’origine, dans lesquelles des situations de violence et de mauvais traitements ont réapparu au cours des semaines. D’autres jeunes ont connu de graves difficultés économiques, des situations de vulnérabilité psychologique, d’isolement, ont vécu dans des endroits inadéquats où, par exemple, une bonne connexion internet était absente.

La situation des enfants et des jeunes vivant « en dehors de la famille » et des jeunes quittant les structures d’accueil a également été portée à l’attention des institutions par l’Autorité garante pour l’enfance et l’adolescence, qui a écrit au Premier ministre pour lui faire part de leurs difficultés.

Cette situation est malheureusement commune à beaucoup de personnes quittant les institutions d’accueil dans d’autres pays européens et avec lesquelles Agevolando est en contact. Des représentants de ces jeunes se sont réunis et ont élaboré un document : Déclaration sur la réponse aux besoins transnationaux des personnes sortant d’institutions d’accueil dans le cadre de la pandémie du Covid-19 et au-delà4.

Beaucoup d’incertitude persiste quant à l’avenir et aux nouveaux problèmes auxquels nous devrons faire face. Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre, une fois de plus, d’oublier ou de laisser seuls ceux qui sont plus fragiles. Maintenons notre attention à un niveau élevé.

Silvia Sanchini

Diplômée en formation et coopération à l’Université de Bologne, Silvia Sanchini est responsable de la communication et des relations avec la presse de l’association Agevolando, qui défend les droits et apporte son soutien aux jeunes sortant des institutions de placement.

CC BY-NC-ND