Malika tient une modeste buvette en plein désert au bord de la Transsaharienne qui relie Alger à la frontière du Niger. Des routiers, des motards, des imams, des militaires, des touristes (peu), des migrants s’arrêtent pour prendre un café, de l’eau, des œufs. Certains la connaissent, d’autres pas. Elle sait écouter, prendre les gens comme ils sont.
Dans cette unité de lieu, au bord du monde, transparaît en filigrane une société, un pays bousculés. Non loin de son café pousse une station d’essence moderne avec sa boutique, peut-être une menace pour Malika. Inquiétude et fatalisme.
Tout l’art du film1 tient aux moments de rencontre suspendus, peu bavards, aux regards parfois malicieux de cette femme sans âge, un peu informe, une mère, une confidente. Chacun débarque dans sa densité, sa simplicité, sa dignité prises en compte par la caméra attentive et scruté par Malika. Il y a parfois beaucoup de complicité et d’humour avec certains habitués.
Une princesse énigmatique, solitaire, massive, magnifique, trône entre ses murs gris, ses packs d’eau minérale, face à un arbre déplumé, dans la poussière blanche du désert, avec tout son poids d’humanité.