Histoire d’un transporteur à pied en Centrafrique

Niek Tweehuysen

p. 34-40

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Niek Tweehuysen, « Histoire d’un transporteur à pied en Centrafrique », Revue Quart Monde, 260 | 2021/4, 34-40.

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Niek Tweehuysen, « Histoire d’un transporteur à pied en Centrafrique », Revue Quart Monde [En ligne], 260 | 2021/4, mis en ligne le 01 juin 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10490

Aux antipodes d’un écrémage « par le haut », l’auteur relate une rencontre en profondeur, qui prend le temps de connaître l’univers des pousseurs en Centrafrique, de solliciter leur expérience et leur pensée individuelles et collectives.

Depuis quelques jours la pluie tombe abondamment. Difficilement praticables, les rues sableuses du quartier Sica 2 sont désertées par les habitants et vendeurs ambulants à l’exception de quelques courageux, comme le pousseur Fantastique. Quand je l’avais rencontré pour la première fois il y a environ deux ans, il passait par là avec son pousse et je l’avais appelé pour qu’il m’aide à transporter du sable. Lors de la négociation du prix de la course, il m’avait regardé d’un air méfiant, fronçant les sourcils, adoptant la posture d’un professionnel sérieux.

La vie de pousseur

Aujourd’hui je l’aperçois sous la pluie, court de taille, il marche d’un pas régulier et soutenu, la posture penchée au-dessus du manche de son pousse vide, peint en bleu. Il est vêtu d’un débardeur gris, d’un jean déchiré, coupé aux deux tiers, de longues chaussettes rayées bleu et blanc et de tongs usés. Je l’invite à notre table Chez Thierry sous l’auvent de la terrasse, où John, mon fidèle ami chauffeur de taxi-moto et moi-même nous sommes abrités. Fantastique pose son pousse près de notre table, et dit en grimaçant que personne n’a besoin de lui pour une course. La structure métallique de son pousse est cassée à plusieurs endroits, explique-t-il, et il n’a pas l’argent pour la faire souder. La réparation pourrait lui coûter cher. Privé de clients, il avait dû la réparer provisoirement avec des bouts de caoutchouc coupés dans de vieux pneus. Je lui demande s’il n’a pas un ami avec un poste à soudure, ce qui lui ferait moins cher. Je sais pourtant que les soudeurs se battent eux aussi, parce qu’avec les coupures fréquentes d’électricité, des jours entiers parfois, souvent leurs postes à soudure ne servent à rien.

Pendant que Fantastique nous parle de sa situation, plusieurs autres pousseurs passent dans la rue, aussi trempés que lui. Ils savent que s’ils n’affrontent pas le déluge, la chance de gagner quelque chose dans la journée est nulle. Fantastique salue amicalement un homme élancé bien plus âgé que lui. Il explique que ce pousseur s’appelle Gislain, qu’il est père de sept enfants qui dépendent de son travail. Célibataire, Fantastique sait que la vie de cet homme est encore plus difficile que la sienne. Même lorsqu’ils sont amis, les pousseurs sont aussi des concurrents acharnés. On en voit parfois plusieurs qui filent pour obtenir une course. En présence de plusieurs pousseurs, le client peut alors négocier un bon prix en prenant le moins cher.

Je venais de lire un article sur des travailleurs indépendants qui avaient créé une sorte d’association pour se soutenir en cas de maladie en cotisant une somme chaque mois dans une caisse commune. Je parle à Fantastique de cette initiative intéressante. Inévitablement nous revenons sur le sujet des pousseurs et de la vie difficile qu’ils ont. « Et si nous faisions pareil nous aussi, me dit Fantastique, un club des transporteurs à pied » !

Je suis frappé de sa rapidité d’esprit, alors qu’il explique à voix haute les bénéfices d’un club de pousseurs.

« Ensemble nous pourrions acheter un poste de soudure, ou du matériel pour réparer les pneus. On pourrait mettre un pousse en réserve dans un local et si le pousse d’un membre du club se casse, il pourrait emprunter celui-là jusqu’à ce que le sien soit réparé. On pourrait avoir des gilets au nom du club et faire des badges pour montrer aux policiers quand ils nous arrêtent pour contrôle d’identité. On pourrait se soutenir si quelqu’un est souffrant, et se donner du travail si l’un de nous a une charge trop importante, on pourrait… »

« Et si tu invitais quinze amis pousseurs pour une réunion à la Cour1, je lui propose, ils pourraient eux aussi dire l’intérêt d’un collectif de pousseurs, ou peut-être qu’ils n’en verraient pas le but. » Nous nous quittons, la pluie est moins forte à ce moment-là, et Fantastique reprend son chemin avec son pousse qu’il n’avait pas quitté des yeux tout le temps que nous étions ensemble. John et moi-même allons visiter la place mortuaire de la sœur d’un copain tuée par son mari cette nuit-là. Fantastique allait revenir le soir même pour dire qu’il avait déjà invité quinze amis pousseurs dimanche à la Cour. Il résume ainsi l’objectif de la rencontre : « C’est pour réfléchir ensemble, partager nos soucis et nous encourager. Il faut avoir un esprit créatif, ça aide. »

La différence entre difficultés et souffrance

Auparavant, Fantastique avait déjà participé à plusieurs rencontres du Mouvement, souvent pour nous offrir ses services de pousseur, mais aussi dans la préparation de ces rencontres, comme celle sur les enfants qui, comme lui, vivent ou ont vécu dans la rue. Il n’y avait finalement pas participé, mais il m’avait aidé à préparer ce que je devais dire pour ouvrir la réunion. Ce jour-là nous étions plusieurs à la Cour autour d’une table. Fantastique était là, la tête à moitié rasée par un policier lors d’un contrôle d’identité. C’était la punition infligée en public, dans la rue, à tous ceux qui ne pouvaient pas présenter un document d’identité, ou tout simplement ceux qui avaient trop de cheveux selon l’appréciation arbitraire de l’agent de police. Une vive discussion avait lieu sur le sujet de la rencontre du lendemain : comment la pauvreté sépare parents et enfants ? Fantastique avait pris la parole pour dire que la vie des enfants à la rue est un combat de tous les jours. Un jeune étudiant lui avait dit que lui aussi connaissait des difficultés. La riposte de Fantastique avait fait réfléchir tout le monde : « Je comprends que tu as des difficultés, mais il y a une différence entre les difficultés et la souffrance… »

Un jour, je lui avais demandé ce que je devrais dire à un dirigeant du pays que j’allais rencontrer, il avait alors laissé libre cours à sa colère.

« Nous les orphelins et les veuves nous nous adressons à vous les dirigeants de notre pays. Nous sommes nombreux. Nous sommes des pères de famille, des femmes avec leurs enfants et nous travaillons durement pour survivre. Nous et nos enfants nous avons l’espoir que la paix s’installe définitivement dans notre pays. Nous en sommes la seule richesse, nous les habitants. Nous ne voulons pas mourir comme des cochons au profit des politiciens dans leur course pour le pouvoir et pour les privilèges. Est-ce que nous les jeunes allons devoir encore prendre les armes pour tuer ceux qui bloquent le chemin pour que des politiciens mal intentionnés puissent prendre le pouvoir ? Pourquoi, pour sauver notre vie ? Regardez ceux qu’on voit dans leurs 4x4. D’où leur vient l’argent pour se procurer de telles richesses alors que pendant ce temps-là les paysans meurent de faim ? »

À un autre moment, Fantastique m’avait longuement parlé de son père menuisier décédé depuis longtemps. Enfant, il était heureux de l’accompagner sur les chantiers ou de l’observer quand il fabriquait un meuble. Le jour où il m’avait demandé du matériel et des outils pour réparer le plancher de son pousse, j’avais été frappé par son habileté avec les outils.

Lorsque leur mère avait quitté cette terre trois ans après le décès de son mari, Fantastique et ses quatre petits frères et sœurs, devenus orphelins, avaient été recueillis par différents membres de la famille élargie. Lui-même avait été accueilli chez un oncle et une tante qui avaient déjà une famille nombreuse. Peu de temps après, il quitta l’école. Il avait dix ans. Sa mère lui manquait et il ne se sentait pas bien dans ses vêtements usés, sans chaussures propres, ni fournitures scolaires comme les autres élèves de sa classe. Il détestait aussi l’école parce que les autres l’appelaient « tête d’eau ». Il s’était mis alors à travailler avec son père adoptif dans son petit kiosque. Il cherchait du bois et le coupait pour le vendre et faisait encore d’autres travaux pour soutenir son oncle. Ses copains qui avaient encore leurs parents étaient bien habillés et il se sentait mal à côté d’eux. À treize ans, il était déjà régulièrement absent de la famille et traînait souvent dans la rue. Son oncle n’acceptait pas qu’il ne travaille pas à ses côtés et une dispute éclata. Fantastique quitta la maison pour mener sa vie lui‑même.

Il faisait toutes sortes de travaux, dormant là où il se sentait un peu en sécurité, parfois dans la famille de l’un ou l’autre ami, parfois dans la compagnie d’autres jeunes qui, comme lui, survivaient dans la rue. Il mangeait comme il pouvait, mais pendant les événements de la guerre civile en 2014, les enfants et les jeunes à la rue risquaient gros, y compris de perdre la vie. Conscient du danger, il retourna chez son oncle, le suppliant de l’accueillir. Celui-ci accepta, mais toute la famille était aussi en danger. Ensemble ils ont fui vers le terrain autour de l’aéroport où des milliers d’autres familles, parmi les 800 000 personnes déplacées dans le pays, s’étaient réfugiées.

Fantastique allait rester là trois ans pour se protéger des violences atroces de la guerre. Ses propres frères et sœurs s’étaient aussi retrouvés là. Même dans ces conditions difficiles, il était heureux de les avoir proches de lui. Dans le camp, Fantastique avait trouvé un travail de nettoyage et, armé d’un balai et d’une brouette, il travaillait du matin au soir pour entretenir une partie de ce camp immense. Il recevait 12 500 CFA par mois d’une ONG, 10 000 pour son oncle et ses frères et sœurs, il gardait 2 500 pour lui. Il ne connaissait pas le mouvement ATD Quart Monde à cette époque, mais il avait gardé le souvenir de jeunes animateurs qui venaient dans le camp pour lire des livres avec les enfants et leur apprendre les danses traditionnelles. Dans le camp on l’appelait Dieu-Béni, le nom qui figure sur l’acte de naissance que son oncle avait récupéré à la mort de sa mère.

À la fin de la guerre, il retourna vivre chez son oncle et recommença à travailler avec lui, cette fois pour faire du ciment et fabriquer des briques. Son oncle lui disait à tout moment qu’il avait trop de charges pour lui donner de l’argent de poche. Ils se sont encore disputés car il devait travailler très affaibli, parfois le ventre vide pendant trois jours. Fantastique quitta la maison après huit mois et se retrouva à nouveau dans la rue à devoir se débrouiller tout seul. Un jour, il fit la connaissance du propriétaire d’une buvette qui voulait bien de ses services. Il pouvait dormir dans le bar, être nourri, mais en contrepartie, il devait nettoyer le bar après la fermeture, ranger les chaises et les tables au petit matin, faire des courses dans la journée et parfois servir les clients. Le patron lui avait promis une maigre somme régulière pour son travail, malgré cela l’argent se faisait souvent attendre, et Fantastique se sentait exploité comme garçon à tout faire, pour trois fois rien.

Il commença alors à fréquenter des amis transportant du matériel avec leurs pousses qu’ils louent pour 1 500 CFA. Avec le peu qu’ils voulaient bien lui donner pour aider le « Petit Cardinal » comme ils l’appelaient affectueusement, il arrivait à se nourrir et à donner parfois des petites sommes d’argent à ses frères et sœurs dispersés dans Bangui, la capitale du pays.

« C’était difficile, les pousseurs que j’aidais ne me donnaient pas grand-chose, mais il fallait que je travaille aussi dur qu’eux, même plus parce qu’ils me demandaient beaucoup de services. J’ai quand même beaucoup appris. Si tu bouges tout le temps, tu as plus de chance de te trouver une charge. Tu ne peux pas rester sur place à attendre le client, ça ne marche pas. Mais les gens sont méchants, tu négocies un prix, tu charges le pousse, mais arrivés à destination, ils te disent qu’ils te paieront plus tard. Souvent tu ne les revois jamais et si tu les revois, ils te disent juste que t’as déjà reçu l’argent. »

Une fois à l’âge adulte, Fantastique décide de louer son propre pousse.

« C’est plus dur d’être à ton compte, il te faut déjà 1 500 CFA en poche pour louer le pousse et espérer pouvoir gagner plus que 1 500 pour avoir un bénéfice. Il faut marcher des kilomètres et des kilomètres pour trouver le client, de cinq heures du matin à dix-sept heures du soir et rendre le pousse avant la nuit.
Parfois ça marche, parfois il n’y a rien, mais pas question de rester à la maison. Sinon, je ne n’aurais rien à manger, je n’aurais pas de vêtements, je ne pourrais pas aider mes frères et sœurs. Je ne peux pas trop fumer, sinon je n’aurais pas la force de pousser des charges lourdes, je ne peux pas boire trop d’alcool, sinon je ne peux pas rester concentré et ça me coupe le souffle parce que je travaille en plein soleil. Je n’ai pas de téléphone et je ne m’y connais pas en ordinateur, je n’ai pas les moyens de me payer des cours. Je ne regarde pas non plus la télé, alors je ne sais pas trop ce qui se passe dans le monde. J’ai des difficultés à lire et à écrire ; je n’ai pas été assez longtemps à l’école. Je n’ai aucune garantie pour l’avenir, soit je trouve quelque chose, soit rien. Je n’ai pas beaucoup d’espoir, mais j’essaie toujours d’avancer. »

Fantastique est son surnom de pousseur, beaucoup ne connaissent pas Dieu-Béni, son vrai nom. Un jour qu’un client avait fait appel à ses services, Fantastique avait accepté de faire la course pour 1 000 CFA. « Fantastique ! » avait dit le client. Quelques collègues présents avaient repris ce nom et tout le monde l’appelait désormais Fantastique.

L’engagement en équipe

À 26 ans, Fantastique a commencé à fréquenter régulièrement la Cour. Il a participé à plusieurs chantiers pour entretenir les lieux avec d’autres jeunes qui fréquentent la Cour. C’est ainsi qu’il a découvert les animateurs et les activités qu’ils font dans le Mouvement. Quand la pandémie Covid 19 a semé la panique dans le pays, nous nous sommes mis ensemble et nous avons créé une équipe de sensibilisation. L’action a pris de l’ampleur quand nous avons décidé de distribuer des lave-mains dans les quartiers les plus pauvres de la capitale et même en dehors. Fantastique en comprend l’intérêt et se rend disponible. Il se fait informer par les membres de l’équipe et commence à créer lui-même des actions de sensibilisation. Il va dans les lieux reculés qu’il connaît comme pousseur et y distribue des dépliants avec des images des gestes de prévention. Il se crée un personnage, met un vieux chapeau, prend un râteau fatigué comme canne, et invente une petite scène pour créer une animation avec les enfants et les adultes rassemblés autour des lave‑mains.

Quand le gardien de nuit à la Cour d’ATD a pris ses vacances pour un mois, j’ai invité Fantastique à prendre sa place. L’idée était qu’avec l’argent qu’il gagne, il puisse louer une chambre et, s’il lui restait assez, faire un premier paiement pour se procurer son propre pousse. Il garderait ainsi en poche les 1 500 CFA qu’il débourse pour la location d’un pousse tous les jours, et arriverait à payer dans l’avenir la location de sa chambre.

Cette période se passe bien, il fait le gardiennage de nuit et prend son pousse tôt le matin. Le jour où, pour la première fois de sa vie, il peut louer sa chambre, nous l’accompagnons et le Mouvement lui a fait don d’un matelas, d’une natte, de quelques draps, d’une lampe de poche, d’une petite radio et d’un miroir. Quelques mois plus tard on a fait une croix sur l’argent qu’on lui avait avancé pour l’achat de son nouveau pousse vu que, jour après jour, pièce par une pièce, il en avait remboursé presque la moitié.

Nadège, Bob, Olga, John, Sylvain, Barclay, Guémine, Enock et encore d’autres amis de la Cour restent à ses côtés pour le soutenir moralement et il fréquente la Cour régulièrement. Un dimanche autour d’un bon repas il prend la parole devant un groupe d’amis animateurs rassemblés.

« Vous, vous mettez des tatouages aux cœurs des gens. Il faut faire ‘saka saka’, ça veut dire qu’il faut ‘varier’. La variété dans la nourriture, c’est bon pour la santé, et avec les gens il faut aussi ‘varier’. Il faut mélanger les gens et respecter tout le monde, comme ça ceux qui comme moi n’ont pas été à l’école peuvent aussi apprendre aux autres. Il faut aussi se mélanger entre blancs et noirs et se fréquenter, sinon il y a la peur, l’égoïsme. Dans la vie il faut créer des ‘monuments’, ne pas faire un monument de toi-même, mais faire des monuments des autres, et que ceux qui sont à côté de toi apprennent à prendre des responsabilités. Ce sont eux les monuments que tu laisseras derrière toi. »

« J’ai bien grandi ! »

Dans sa vie, Fantastique a vécu trois guerres civiles et passé dix ans de sa vie à la débrouille sans famille, sans maison ni même une chambre à lui. Depuis qu’il a quitté l’école à l’âge de dix ans il a toujours travaillé. Orphelin de père et de mère à cet âge, lui et ses quatre frères et sœurs ont été séparés et ont grandi dans des foyers différents. Aujourd’hui, comme il ne sait ni lire ni écrire, le travail de pousseur, si pénible soit-il, lui convient. Ça fait presque deux ans maintenant qu’il a sa propre chambre, minuscule, mais c’est un vrai « chez soi », où il peut garder les quelques vêtements qu’il a choisis avec soin et payés avec le travail de ses mains et de ses pieds. De temps à autre, il invite ses frères et sœurs à dormir dans sa chambre et à vivre un temps en famille.

À cause des rafles, il est indispensable d’avoir une pièce d’identité pour ne pas finir en garde à vue. N’ayant pas ce document, il part à la recherche de son acte de naissance chez son oncle. Il lui a fallu du courage parce que depuis des années ils n’étaient plus en bons termes. Fantastique lui demande pardon et ils se réconcilient.

En lisant l’acte de naissance, nous découvrons que Fantastique s’appelle Dieu-Béni et qu’il a trois ans de plus qu’il ne pensait. Il reprend le nom de famille de son père qui figure sur l’acte de naissance et non celui de son oncle. Fantastique, Dieu-Béni, a retrouvé son identité. L’aventure se poursuit avec la création du « club de transporteurs à pied », comme Fantastique l’avait baptisé. Fantastique, Dieu-Béni, « le Petit Cardinal » – « un petit cardinal sans paroisse » – s’amuse-t-il à dire souvent, s’est trouvé un espace pour créer avec d’autres. Il a fait un nouveau départ dans la vie. « J’ai maintenant 28 ans ; en une journée j’ai eu trois ans de plus, j’ai bien grandi ! »

1 En 1987, le Ministère de l’Intérieur octroie au Mouvement ATD Quart Monde un terrain dans le quartier Sica 2. Au fur et à mesure que se consolide la

1 En 1987, le Ministère de l’Intérieur octroie au Mouvement ATD Quart Monde un terrain dans le quartier Sica 2. Au fur et à mesure que se consolide la confiance établie par les volontaires avec des enfants qu’ils rencontrent dans les rues, ils y construisent ensemble ce qui devient la « Cour aux cent métiers ». Des artisans et artistes viennent y animer des ateliers, et révèlent le potentiel de jeunes considérés comme délinquants ou bons à rien. À partir des années 2000, ce lieu reste connu comme « la Cour » et devient le point de rassemblement des membres du Mouvement ATD Quart Monde, le lieu où ils reprennent force, échangent les nouvelles, se forment. Un lieu aux portes grandes ouvertes dont la beauté fait aussi la fierté du quartier.

Niek Tweehuysen

L’auteur, Niek Tweehuysen, est volontaire d’ATD Quart Monde depuis 1977. Il a travaillé sur quatre continents, dont l’Afrique, où il a passé dix années pour y fonder le Mouvement en Tanzanie. Dessinateur en bâtiment et assistant social, il a cherché à mettre en pratique le partage des savoirs à travers des actions pour l’accès aux métiers avec des jeunes défavorisés.
Actuellement il est responsable d’ATD Quart Monde en République centrafricaine (RCA). On lui doit un livre : Des pailles dans le sable (Éd. Quart Monde, 2011, 269 p.), retraçant son action en Tanzanie.

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