Pavlina R. Tcherneva. La garantie d'emploi

Éd. de la Découverte, 2021

Agnès de Vulpillières

Bibliographical reference

Pavlina R. Tcherneva, La garantie d'mploi, L’arme sociale du Green New Deal, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christophe Jaquer. Postface de Romaric Godin, Éd. de la Découverte, 2021, 146p.

References

Electronic reference

Agnès de Vulpillières, « Pavlina R. Tcherneva. La garantie d'emploi », Revue Quart Monde [Online], 260 | 2021/4, Online since 30 November 2021, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10541

Pourquoi confier l’essentiel de la politique de l’emploi aux entreprises dont la fonction n’est pas en soi de fournir des emplois à la collectivité ?

A cette question, Pavlina Tcherneva, économiste américaine et conseillère de Bernie Sanders, propose une réponse très argumentée dans son ouvrage passionnant sur la mise en place de la politique de garantie d’emploi contenue dans le Green New Deal et indispensable au mouvement écologique qui refuse de laisser quiconque sur le bas-côté.

Il s’agit d’une option publique pour le bon emploi, un emploi socialement utile et décemment rémunéré, proposé à toute personne en âge de travailler et sur la base du volontariat.

L’économie du chômage, utilisée comme régulateur des cycles économiques et de l’inflation, est une stratégie condamnable, dit-elle, qui a un coût exorbitant sur tous les plans : la reprise sans emploi est désormais considérée comme normale, d’où le chômage de longue durée qui s’accroît fortement, comme une maladie virulente, et provoque des problèmes graves de santé mentale (alcoolisme, anxiété, mauvaise estime de soi) et de société (délinquance des jeunes, violence, exclusion, destruction du tissu social, drogue) ainsi qu’une difficulté avérée à en sortir.

Le programme de garantie d’emploi est un nouveau contrat social visant à une sécurité économique de base pour tous à travers une stabilisation « contracyclique » absorbant les chocs pour l’ensemble de l’économie. Les dépenses du programme contrebalanceront les pressions déflationnistes, en augmentant dans les phases de récession et les pressions inflationnistes, en diminuant dans les phases d’expansion avec un moindre coût pour l’État : elles seront inférieures à la somme des aides sociales consenties, du coût social du chômage et des plans de soutien aux entreprises régulièrement pratiqués.

La garantie d’emploi sera financée par l’État fédéral, maître de la création monétaire et jamais à court d’argent : la Réserve Fédérale libère les fonds tandis que les États et collectivités locales ou associatives gèrent le programme selon leurs projets. La monnaie mise en circulation sera toujours adossée à un travail utile, sans risque d’inflation, avec un considérable effet incitatif et distributif qui change tout.

La question n’est pas de se demander comment financer la garantie d’emploi mais d’imaginer les conséquences économiques de sa mise en application. Il faut distinguer coûts réels et coûts financiers et les comparer aux mêmes coûts des politiques existantes en matière de chômage. Sans oublier la conséquence sur l’augmentation du pouvoir d’achat et donc de la consommation et des impôts.

Enfin, ces emplois publics, créés pour des activités socialement utiles à la collectivité, seront gratifiants pour les salariés à qui ils apporteront autonomie et reconnaissance sociale.

En conclusion, Pavlina Tcherneva souligne qu’elle appelle de ses vœux la création de 11 à 15 millions d’emplois de Green New Deal aux États-Unis, en adaptant ces emplois aux capacités des personnes (et non l’inverse comme en entreprise) pour une économie plus propre, plus stable et plus juste.

La postface de Romaric Godin résume remarquablement l’ouvrage et compare la garantie d’emploi à d’autres dispositifs, semblables ou proches, pratiqués ou proposés ailleurs (dont Territoires Zéro chômeur de longue durée en France et Revenu universel).

CC BY-NC-ND