Mehdi Charef. “La cité de mon père

Éd. Hors d’atteinte, Août 2021

Jean-Pierre Touchard

Référence(s) :

Mehdi Charef. La cité de mon père. Éd. Hors d’atteinte, Août 2021, 142 p.

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Référence électronique

Jean-Pierre Touchard, « Mehdi Charef. “La cité de mon père” », Revue Quart Monde [En ligne], 261 | 2022/1, mis en ligne le 01 mars 2022, consulté le 23 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10636

La famille de l’auteur arrive en France dans le bidonville de Nanterre, puis est transférée dans une cité de transit et, longtemps après, parvient à obtenir un HLM.

Le livre débute lorsque son père reconnaît enfin son nom « Charef » inscrit sur la boîte aux lettres dans le hall d’entrée de l’immeuble. Désormais il est fier : « Il a réussi, mon papa, on nous a dit “bons pour vivre en société” ! »

Le second chapitre décrit finement dans quel état d’esprit vit sa maman dans le nouveau logement. « Elle ne sait ni lire ni écrire, ni l’arabe ni le français. Elle est larguée, mais il lui reste d’être mère » : c’est elle qui fait vivre la famille.

Puis vient le récit de leur accession au statut d’habitants d’HLM.

L’auteur évoque aussi les enfants de la troisième génération, celle qui refuse l’intégration : « Ils n’acceptent pas le sort que la France a infligé à leurs pères. » 

Plus loin, c’est la vision de ce qu’il aperçoit de son balcon : quelques parents qui attendent à la sortie de l’école, un petit groupe de femmes, de pères, de couples de toutes nationalités qui ont fait le choix de se rencontrer avec d’autres pour accueillir leurs enfants. « Ni mon père, ni ma mère ne sont jamais venus me chercher à la fin d’une journée. »

C’est en cela que ce livre est déroutant : entre chaque tableau de son vécu, l’auteur insère un monologue, sorte d’invocation qu’il adresse à sa petite sœur Amaria morte noyée dans un puits et restée ensevelie dans un cimetière de montagne. Dans ces “adresses à l’au-delà”, il se confie, il raconte ses soucis : comment vivent maintenant ses sœurs, comment il a souffert dans sa scolarité. Il rappelle aussi les horreurs qu’étant enfants, ils ont dû connaître pendant la guerre.

Dans le dernier texte du livre, le plus intime, l’auteur revendique ses aspirations de jeune homme. Mais il avoue aussi sa grande détresse : « Rien n’est plus douloureux que de vivre invisible. »

Jean-Pierre Touchard

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