Collectif. “Les derniers seront les premiers

La parole des pauvres au cœur de la synodalité. Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2022

Jean-Claude Caillaux

p. 62-63

Référence(s) :

François Odinet (dir). Les derniers seront les premiers. La parole des pauvres au cœur de la synodalité. Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2022, 200 p.

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Référence papier

Jean-Claude Caillaux, « Collectif. “Les derniers seront les premiers” », Revue Quart Monde, 263 | 2022/3, 62-63.

Référence électronique

Jean-Claude Caillaux, « Collectif. “Les derniers seront les premiers” », Revue Quart Monde [En ligne], 263 | 2022/3, mis en ligne le 01 septembre 2022, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10805

Ce livre est la reprise intégrale des interventions faites au cours d’une journée d’études intitulée Entendre la voix des plus pauvres dans le processus synodal, organisée le 27 janvier 2022 par le Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris). Son enjeu est considérable.

En effet, s’il est vrai qu’une définition courte de la synodalité pourrait être : marcher ensemble pour continuer de construire l’Église, il reste à faire passer dans l’effectivité l’adverbe « ensemble ». Car comment imaginer possible et crédible de se mettre ensemble à la suite du Christ, et dans le même temps laisser sur le bord du monde ceux qui ont le moins de force pour suivre ? Pour être ensemble, il convient de tout mettre en œuvre pour que le plus petit soit au cœur de la marche.

Comme le dit le père Joseph Wresinski, le plus pauvre est le canal par lequel l’essentiel est donné au corps tout entier. Il affirme même que « les pauvres sont l’Église ». Aucune exagération en cette expression ! Simplement l’intuition que, si les très pauvres ne sont pas reconnus comme le cœur même de l’Église, alors elle ne peut atteindre ce à quoi elle est appelée, davantage même : elle est infidèle à Celui qui en est la source.

La synodalité ne prendra sa pleine signification que si elle est le travail constant (qui dit naissance) pour donner sans condition la priorité au plus pauvre (au singulier : celui que nous ne cessons de chercher parce que personne ne le connaît encore) et pour se mettre à son écoute afin d’apprendre de lui ce qui a été caché aux sages et aux instruits (cf. Mt 11, 25).

Ce livre s’appuie sur une double conviction : les très pauvres ont une pensée, vraiment une pensée ; et nous avons tous à apprendre d’eux, singulièrement ceux qui savent qu’ils savent et qui pour cette raison ont construit autour d’eux un enclos dont les portes interdisent l’entrée à ceux qui sont incapables de passer sous les fourches caudines. Il est des lieux entourés de postes frontières, où la douane sévit et obstrue la vie. Dans la société telle qu’elle est en occident, aucune organisation, y compris celles qui pensent être à l’abri de tout ostracisme, ne sait mettre à leur place les plus pauvres. Tout juste s’occupe-t-on de leurs droits, d’ailleurs parcimonieusement délimités !

Nul doute que ce livre théologique provoquera des résonances même chez un lecteur dont le souci n’est pas d’abord ecclésial.

Jean-Claude Caillaux

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