Mathilde BOISSIER, Jean‑Christophe SARROT, Céline VERCELLONI (ATD Quart Monde). “Reconstruire ensemble ce monde abimé

Appel pour une écologie qui ne laisse personne de côté. Éd. Quart Monde, 2022

Christel Visée

p. 61-62

Référence(s) :

Christophe SARROT, Céline VERCELLONI (ATD Quart Monde). Reconstruire ensemble ce monde abimé. Appel pour une écologie qui ne laisse personne de côté. Éd. Quart Monde, 2022, 94 p.

Citer cet article

Référence papier

Christel Visée, « Mathilde BOISSIER, Jean‑Christophe SARROT, Céline VERCELLONI (ATD Quart Monde). “Reconstruire ensemble ce monde abimé” », Revue Quart Monde, 265 | 2023/1, 61-62.

Référence électronique

Christel Visée, « Mathilde BOISSIER, Jean‑Christophe SARROT, Céline VERCELLONI (ATD Quart Monde). “Reconstruire ensemble ce monde abimé” », Revue Quart Monde [En ligne], 265 | 2023/1, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 26 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10983

Recension parue dans l’hebdomadaire Dimanche n° 40, du 13 novembre 2022, en Belgique, site www.cathobel.be. Nous remercions la rédaction de Dimanche de nous avoir autorisés à en reprendre ici de larges extraits.

Si les plus pauvres sont ceux qui contribuent le moins aux dégâts faits à la planète, ils en subissent pourtant le plus de conséquences. Voilà le constat de départ d’un petit ouvrage au titre éloquent [… dont les] trois auteurs […] mettent en lumière les multiples liens entre les justices sociale, économique et climatique, en se nourrissant de témoignages et réflexions de ce mouvement.

L’ouvrage, qui se veut à la fois théorique et pratique, part de certaines données reconnues pour pousser plus loin la réflexion et l’action. Dans un premier temps, après avoir développé le constat de départ, il montre que les politiques environnementales elles-mêmes ont aussi souvent pour conséquence d’accentuer la pauvreté. Exemple, le « verdissement » de certains quartiers entraîne une augmentation du prix de l’immobilier.

Un militant Quart Monde témoigne : « Les pauvres depuis très longtemps […] consomment peu et polluent peu ». Mais, selon les auteurs, cette sobriété imposée implique aussi une angoisse au quotidien, qui empêche de faire des libres choix. Ainsi une personne ne possédant pas de logement décent devra considérer le coût de son alimentation avant son impact écologique. L’exclusion sociale fait également souvent obstacle à l’action collective, car elle entraîne des difficultés d’accès à une information de qualité. Malgré tout, les plus pauvres expriment un réel souci écologique, et des expériences montrent que le lien social peut leur redonner du pouvoir d’agir, comme cette femme qui a vu sa santé s’améliorer après avoir rejoint un projet de jardin communautaire dans son quartier.

Les auteurs montrent enfin l’importance de la prise de conscience de nos intérêts communs et du croisement des combats sur le terrain. En laissant la lutte climatique rejoindre celle pour l’égale dignité et en allant à la rencontre des personnes en grande précarité, on peut alors laisser place… à l’action ! Et ce, à toutes les échelles : croisement des savoirs et pratiques, soutien d’initiatives locales, création de nouveaux imaginaires communs qui nous libèrent de l’angoisse et de l’impuissance. « Car finalement, rien n’est écrit d’avance et c’est à nous de reconstruire ensemble ce monde abîmé. »

CC BY-NC-ND