Les attentes des militants Quart Monde

Martine Le Corre

p. 7

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Martine Le Corre, « Les attentes des militants Quart Monde », Revue Quart Monde, 269 | 2024/1, 7.

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Martine Le Corre, « Les attentes des militants Quart Monde », Revue Quart Monde [En ligne], 269 | 2024/1, mis en ligne le 01 mars 2024, consulté le 27 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11286

Depuis plus de cinquante ans, Martine Le Corre, issue d’une « cité pourrie » de la banlieue de Caen, est engagée comme militante d’ATD Quart Monde. Les lignes qui suivent sont extraites de son livre Les miens sont ma force. Récit d’une combattante pour la dignité (Éd. Quart Monde / Le Bord de l’eau, 2023, 223 p., 13 €). Elle y développe son attente et celle « des siens » vis‑à‑vis des volontaires.

Sans volontariat, il n’y a pas de Mouvement ni de libération des plus pauvres. Être volontaire est un engagement spécifique, en termes ni de hiérarchie ni de pouvoir mais dans le sens de sa responsabilité première qui est de donner de la sécurité et de travailler à donner de la liberté aux plus pauvres afin que ceux-ci passent de la honte à la fierté, passent du silence à la parole, passent de la résignation au combat, passent du brouillard qu’est leur vie, à la lumière de pouvoir faire de réels choix. C’est une grande responsabilité, et j’ai toujours considéré cet engagement de volontaire comme étant très ambitieux mais aussi très exigeant. Les attentes des plus pauvres, les attentes de nos familles, les attentes des militants Quart Monde face au volontariat sont des attentes sérieuses car de cet engagement dépendent nos chemins, nos routes, nos propres engagements. C’est pour avancer là-dessus que le père Joseph a envoyé des volontaires à nos côtés.

Nous ne voulons pas de volontaires martyrs, de volontaires qui se sacrifient, nous voulons des volontaires investis, qui font de véritables choix d’engagement, qui tiennent avec nous dans la durée, des volontaires qui travaillent, et qui travaillent dur afin d’être à la hauteur de ce que vivent et subissent les plus pauvres. Il ne s’agit pas de penser un volontariat d’élite mais un volontariat libre, fait d’hommes et de femmes qui ne sont pas à chercher qui ils sont, des personnes bien dans leur peau et disponibles, des personnes prêtes à ne pas partir de leurs propres idéaux personnels et individuels mais de ceux qui servent la libération des plus pauvres.

Nous avons aussi voulu réfléchir aux conditions nécessaires afin de bâtir des équipes solides qui peuvent accueillir, accompagner, former et soutenir des jeunes volontaires dans leurs premiers pas d’engagement, pour que ces derniers ne se retrouvent pas seuls, sans vis-à-vis devant une mission qui leur serait confiée. Ce chantier doit se poursuivre [… C’est] un gros enjeu car cette génération-là est appelée à exercer de grandes responsabilités demain. (pp. 173‑174).

Martine Le Corre

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