Mirka est sage-femme de son état. Une femme sensible, fragile, repliée sur elle-même. Elle prend des antidépresseurs prescrits sous le manteau par une collègue. Une femme courageuse. Elle fait bouillir la marmite, gère les finances du ménage qui s’avèrent au plus bas. Une femme à bout de force, percluse de solitude. Son mari dit qu’elle est folle. Son fils adulte est à charge. La scène inaugurale, insupportable de blancheur, de lenteur présente Mirka sur le toit d’un immeuble, s’approchant du vide.
D’emblée on ressent l’étouffement vécu de l’intérieur par cette femme d’une soixantaine d’années, douce, effacée. L’angoisse naît de l’ambiance cotonneuse qui imprègne le récit, seulement interrompu par les scènes plus animées au travail et les pics de l’histoire.
Cernée par le surendettement qu’elle assume seule, écrasée par une existence ordinaire, routinière, un matin Mirka commet un acte désespéré et maladroit. Elle braque une banque avec un couteau de cuisine. Dans la violence de son geste, de son arrestation, des réactions de ses proches, son personnage pâle jusqu’à la transparence s’incarne enfin. Le séjour en hôpital psychiatrique apparaît comme une libération intérieure progressive, loin d’être miraculeuse mais teintée d’espoir.
Toute la véracité du film repose sur les nuances imprimées par l’actrice principale à un personnage sans beauté apparente, vieillissant, rarement offert au cinéma1.