Benjamin SÈZE. “Quand bien manger devient un luxe

En finir avec la précarité alimentaire. Éd. de l’Atelier, 2023

Daniel Fayard

Référence(s) :

Benjamin SÈZE. Quand bien manger devient un luxe. En finir avec la précarité alimentaire. Éd. de l’Atelier, 2023, 175 p.

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Daniel Fayard, « Benjamin SÈZE. “Quand bien manger devient un luxe” », Revue Quart Monde [En ligne], 269 | 2024/1, mis en ligne le 01 mars 2024, consulté le 27 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11337

« Comment permettre à chacun, quelle que soit sa situation sociale, un accès digne à une alimentation choisie, saine et durable ? » C’est cette question que l’auteur, dans son introduction, se propose d’explorer. Mais dans sa conclusion il écrit : « La solution aujourd’hui n’existe pas. » Or, pour lui, il y a là un enjeu démocratique majeur. Notamment : « Comment intégrer dans nos réflexions tous ceux qui aujourd’hui sont contraints de recourir à un système caritatif ou à une offre alimentaire low cost souvent en totale inadéquation avec les enjeux écologiques et de santé publique et, plus encore, avec l’aspiration des personnes à manger mieux ? »

Benjamin Sèze est journaliste. Il nous offre ici ce qu’il appelle lui-même un « livre-enquête » : un recueil de témoignages de personnes en situation de précarité, d’analyses de chercheurs, d’extraits d’entretiens avec de nombreux militants de la transition alimentaire ou/et de la lutte contre la pauvreté, de fonctionnaires territoriaux et d’agriculteurs. Une illustration, qualitative et quantitative, de ce que représente en France la précarité alimentaire, au lendemain de la crise du Covid.

Il prend la mesure des initiatives qui se sont développées ces dernières années, associatives, coopératives, municipales, législatives pour apporter une aide alimentaire, qui se révèle souvent insuffisante, et pour promouvoir des produits de meilleure qualité avec des circuits courts d’approvisionnement, pas toujours accessibles aux ménages de faible revenu.

Il plaide pour une approche en termes de droit de chacun à l’alimentation, garantissant son autonomie, sa liberté de choix, sa dignité en quelque sorte. « Pourquoi pas une sécurité sociale de l’alimentation ? » (titre d’un des chapitres), avec l’instauration d’une carte vitale de l’alimentation, à l’instar de ce qui est admis pour la santé. Car pour lui, « l’alimentation n’est pas un bien comme un autre. Il faut la sortir de la pure logique de marché et l’envisager comme un bien commun au service de l’intérêt général ». Un livre instructif, facile à lire, porteur de réflexions prospectives.

Daniel Fayard

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