Fabrice Toussaint, écrivain et philosophe connu pour ses livres sur la vieillesse, la vie, la mort, passe un scanner à l’hôpital pour une tache suspecte6. Reconnu par le docteur Augustin Masset, lecteur assidu, celui-ci l’entraîne et le guide dans l’unité de soins palliatifs qu’il dirige avec humanité, très à l’écoute de ses malades, des soignants et des interrogations de Toussaint. C’est la naissance d’un dialogue tout en nuances et d’une amitié mutuelle. La rencontre avec des malades éclairés, dans le déni ou dans la peur, des familles partagées sur des questions essentielles, concrètes, religieuses ou culturelles, des a priori, permettront à Toussaint d’apprivoiser sa propre finitude et d’affronter sa maladie, néanmoins avec espoir.
Un léger côté démonstratif naît parfois de la succession des situations médicales, dissipé par la rencontre avec des personnes humaines, jeunes ou âgées, à la fin de leur vie. Derrière l’épaule de Podalydès, nous conversons avec la doyenne des Gitans, avec la dame qui ne veut pas « rendre son âme » à un inconnu, avec la jeune fille qui n’a « rien à faire ici », avec le vieux motard à qui les Harley Davidson font la haie d’honneur, avec l’homme dans la chaleur de son chien, avec la femme digne, hospitalisée à domicile, qui appelle de ses vœux l’assistance pour abréger ses souffrances, à défaut d’euthanasie.
Costa-Gavras densifie son récit de réflexions sur le temps inspirées par des penseurs comme Edgar Morin, Camus, Héraclite d’Ephèse… Distillées avec naturel dans ces conversations philosophiques et scientifiques, elles ouvrent des perspectives. La médecine triomphante considérant la mort comme un échec s’éloigne peut-être à petits pas.
Demeure une question : ces soins palliatifs sur mesure, ces soignants attentionnés, à la maison ou dans cet hôpital façon manoir du 19e siècle de l’Ouest parisien, lové dans un jardin, sont-ils accessibles à tout le monde ?