Victor Hugo croyait à la « puissance civilisatrice » de l’art, qui nous rend à notre humanité par la force de l’émotion. En ce sens un roman peut être plus utile, avoir plus d’impact sur la société que tous les combats politiques menés à la tribune. Plus qu’aucun autre auteur, Victor Hugo a pu en faire l’expérience dans sa vie et dans son œuvre.
Quand il commence à écrire, en 1845, le roman qui deviendra Les Misérables, il n’a plus rien à prouver. Il a quarante-trois ans, il est entré à l’Académie française deux ans plus tôt. Depuis une quinzaine d’années, il a conquis la suprématie dans tous les genres littéraires : la poésie, le théâtre, la critique et le roman enfin, même si sa dernière incursion dans ce genre, Notre-Dame de Paris, commence à dater un peu (1831). Et la concurrence est devenue rude : entre 1842 et 1845, le public dévore dans les journaux les feuilletons d’Eugène Sue (Les Mystères de Paris, Le Juif errant) et d’Alexandre Dumas : Les Trois Mousquetaires, Le Comte de...
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