« J’ai amené chez moi les gens du village »

Témoignage d’une mère de famille

Rédaction de la Revue Quart Monde

References

Electronic reference

Rédaction de la Revue Quart Monde, « « J’ai amené chez moi les gens du village » », Revue Quart Monde [Online], 177 | 2001/1, Online since 01 September 2001, connection on 20 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/1647

« Autrefois, à la campagne, les gens allaient dans les maisons pour tuer le cochon, faire les foins et la moisson. C’était une entraide entre les gens de la campagne qui développait l’amitié » disait une femme à un volontaire d’ATD Quart Monde. Ensemble, ils créent les « journées-invitation » qui reprennent l’esprit de ces coutumes en innovant. 80 personnes participeront à cette première journée.

En fait, l’idée est partie de mon souci pour mes enfants. Ils avaient beaucoup de mal à lire. Je voulais attirer l’attention des institutrices. Quand un volontaire est venu chez nous avec des livres, pour donner son savoir à mes enfants, cela nous a donné un rythme : cette journée-là, on s’arrête, on prend le livre. Ce n’était pas que pour les enfants. Moi, je n’ai pas été beaucoup à l’école, je ne savais pas non plus. J’ai essayé à travers ce volontaire de bien savoir pour transmettre ce que j’avais compris.

Quand je suis arrivée dans ce village, personne ne regardait mes enfants, c’était difficile, ce n’étaient pas les enfants du village.

Je voulais montrer au village que j’étais là, qu’il ne fallait pas me juger.

Des gens sont venus par curiosité, pour voir ce qui se passait dans ma maison, pour voir qui on était réellement.

J’ai voulu refaire un peu comme on faisait dans le temps. Je n’ai pas à cacher qui je suis. Déjà, j’accueille facilement ; chez moi, il y a toujours des gens. Il y en a qui regardent partout. J’avais la photo de ma mère en costume gitan dans la salle, j’ai eu des réflexions. Est-ce que c’est ça qui empêche d’avoir des contacts ? J’ai mis la photo dans ma chambre.

Mais d’amener chez moi des gens du village, les institutrices, ça a changé les rapports avec eux.

C’est la conviction des gens qui accueillent qui fait que les gens se déplacent : faire comprendre que c’est intéressant de venir.

Une amie m’a dit : « Des personnes sont venues chez moi, aussi par curiosité, certaines ont fait tous les ateliers, elles se sont piquées au jeu, elles m’ont suivie ensuite dans d’autres actions. » Elle ajoutait : « Dans le temps, on appelait ces rencontres : l’assemblée. Il y en avait qui ne venaient pas : ils n’avaient pas besoin d’un coup de main. C’étaient des réunions toutes simples, autour d’une miche de pain ou de l’arrasé de châtaignes pour refaire le sol en terre battue ou pour conter. Puis il y avait la musique. Vous avez lancé l’idée, les gens ont beaucoup aimé. » Une autre personne m’a dit : « Ce qui m’a touchée, c’est la convivialité. »

Depuis, le bouche à oreille a fonctionné, d’autres personnes ont voulu accueillir chez elles. Dans chaque maison, il y a un thème approprié aux talents, à l’environnement : Noël, jeux extérieurs, fabrication du pain, théâtre...

Après de telles journées, on se connaît autrement et on a du vécu commun à commenter.

Rédaction de la Revue Quart Monde

By this author

CC BY-NC-ND