« L'informatique, c'est une nouvelle forme d'expression ( ... ) Un autre type de langage, une autre perception du monde, une autre révolution culturelle s'amorcent. Chaque fois qu'on perçoit le monde d'une nouvelle manière, c'est éblouissant, c'est merveilleux... ! Il faudrait que l'on soit enthousiaste. (…) Il ne faut pas faire manquer aux plus défavorisés le tournant de la 3ème révolution industrielle ». Ces mots prononcés en 1982 par le père Joseph Wresinski restent d'actualité alors que nous sommes définitivement entrés dans la « société de l'information ». Pourtant, une « fracture numérique » semble s'installer entre celles et ceux qui maîtrisent les outils et la culture de cette société, et les autres, rejetés en marge de la modernité.
Le refus de cette fracture a inspiré les promoteurs du prochain sommet mondial sur la société de l'information (SMSI). Jean-Pierre Pinet, Alain Clerc et Michel Elie nous permettent d'entrer dans les enjeux de ce sommet pour la communauté internationale et pour les plus pauvres de ses membres.
En de nombreux lieux, des femmes et des hommes, seuls, réunis en association ou comme mandataires publics, déploient des efforts extraordinaires pour que l'accès de tous aux technologies modernes devienne une réalité. Plusieurs articles y sont consacrés. Ils témoignent des conditions à réunir et des résultats de leurs démarches respectives.
Notre interrogation principale, à la veille du SMSI, (Genève, décembre 2003) est bien résumée par un des participants de l'université populaire Quart Monde de Bretagne : « Comment développer Internet pour que ce soit un outil qui soit vraiment au service de l'humanité et un outil pour rendre les gens vraiment heureux ? Ce qui me préoccupe, c'est de savoir qui est derrière tout cela, pour quels intérêts et au service de quelle cause ? Et est-ce que les pauvres pourront suivre ? »
Est-ce que les pauvres pourront suivre ? Pour nous, ce questionnement s'impose avant toute décision et toute ambition, qu'il s'agisse de technologie, de législation, d'enseignement...
Ils le pourront, si nous le voulons ensemble. Autrement dit, si nous commençons, nous, à les suivre.