Van Gogh, une paire de souliers, Paris, 1897, The Baltimore Museum of Art.
« L’objet le plus simple, le plus misérable, le plus méprisé prend une portée violente.
Maintes fois Van Gogh peindra des souliers, de vieilles chaussures éculées. Avachies, écroulées, béantes, labourées de plis profonds par l’usure, elles fixent la misère des corps en marche et du labeur ; elles sont la fatigue elle-même. Ainsi il ne peindra pas - encore - des fleurs, mais la pomme de terre, glaiseuse, enfouie dans la glèbe, d’où il faudra l’arracher, comme le charbon, pour pallier la misère des hommes.
Qu’il se découvre fraternel avec ces tubercules informes dans leur dure lutte pour éclore ! »
Van Gogh par René Huyghe, Flammarion, 1958.