« Cette Dalle, c’est nous »

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « « Cette Dalle, c’est nous » », Revue Quart Monde [En ligne], 183 | 2002/3, mis en ligne le 01 mars 2003, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/2436

Une réplique de la Dalle a été inaugurée à Bruxelles au pied du Parlement européen, le 29 mai 2002. A cette occasion, a été lu un témoignage collectif dont voici des extraits.

Cette Dalle , c’est nous, avec notre histoire.

Nous sommes les héritiers de tous ces hommes, ces femmes... aujourd’hui décédés, qui, malgré leur vie dure, se sont battus au quotidien pour donner un meilleur avenir à leurs enfants, qui se sont battus jusqu’au bout pour la dignité de tous.

Ils sont, nous sommes, les héritiers de tous ceux qui ont donné leur vie pour combattre les injustices : Gandhi, Martin Luther King, Oscar Romero, Joseph Wresinski et tant d’autres dont nous ne connaissons pas toujours les noms.

Nous continuons leur combat.

- Cette Dalle, c’est nous.

Elle témoigne que nous existons, nous qui sommes considérés comme rien, nous à qui personne ne veut parler, nous qui sommes ignorés.

Nous qui n’avons pas voulu vivre dans cette misère, qui sommes condamnés par l’exclusion que nous subissons, comme beaucoup d’autres aujourd’hui encore, ici et partout dans le monde, nous résistons.

Nous qui sommes marginalisés dès l’enfance, étiquetés dès la maternelle, mis sur des voies de garage à l’école, dans l’impossibilité d’apprendre parce que nos familles ne sont pas respectées, mis à l’écart de la culture, nous refusons toutes ces violences.

Nous qui sommes privés de nos enfants comme nous avons été privés de nos parents ; nous qui n’arrivons pas à avoir un logement digne pour nous et nos familles, nous qui vivons les uns sur les autres dans des foyers d’accueil ou des garnis, nous qui sommes enfermés dans des centres pour réfugiés, nous qui vivons et mourons dans la rue ; comme ces milliers, ces millions d’autres que nous ne connaissons pas, qui se battent et qui ont du courage dans le silence, nous refusons que les droits de l’homme soient bafoués.

Cette Dalle, c’est nous.

Nous sommes de tous milieux.

Nous nous engageons chacun à la place que nous occupons.

Nous voyons un être humain dans chaque personne.

Dans nos familles, dans nos villages et nos quartiers, dans nos écoles, sur nos lieux de travail… nous refusons les préjugés et les étiquettes.

Nous apprenons à nos enfants à accepter les autres comme ils sont.

Nous prenons parti pour ceux qui sont rejetés et méprisés.

Nous soutenons ceux en qui plus personne ne croyait.

Nous ne mendions pas des miettes. Nous luttons pour les droits de tous, et d’abord de ceux qui pensaient être sans aucun droit.

-Cette Dalle, c’est nous.

Nous nous rassemblons, nous avons besoin les uns des autres.

Nous apprenons à changer notre regard, à découvrir ceux qui ne vivent que de courage, nous apprenons à voir les injustices, nous apprenons à nous comprendre.

Nous transmettons nos expériences pour que d’autres s’en sortent aussi.

Notre solidarité nous aide à refuser activement le sentiment d’impuissance que nous ressentons souvent devant la misère.

Ensemble, l’écho de nos voix ira plus loin.

Unis, nous sommes plus forts pour lutter.

Coude à coude, nous nous battons afin que tous les parents aient les moyens d’élever leurs enfants, afin que nos jeunes aient un avenir, un travail librement choisi, dont ils puissent être fiers.

- Cette Dalle nous rassemble, nous ici présents et ceux auxquels nous pensons, médecins et malades, avocats et personnes en prison, universitaires et personnes privées d’instruction, délégués venus d’autres pays d’Europe et victimes de la guerre, de la faim, de l’esclavage… partout dans le monde.

- Cette Dalle, c’est nous.

Ce n’est pas la pierre de la misère, c’est la pierre de l’espoir.

Elle donne fierté, honneur, courage.

Cette Dalle est un appel.

Elle en appelle à votre responsabilité, vous qui représentez l’Etat, vous qui représentez l’Europe.

Que les oubliés deviennent importants.

Que ce soient les hommes qui comptent, non l’argent. N’oubliez pas qu’il n’y aura de vraie démocratie que le jour où les droits de tous seront vraiment assurés, en toute égalité, pour tous.

- Cette Dalle est un appel.

Elle en appelle à la responsabilité de chacun.

Il en va de l’avenir de nos enfants, de tous les enfants.

Il en va de l’avenir de l’humanité.

LE 17 OCTOBRE 1987 DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME

ET DU CITOYEN DE TOUS PAYS

SE SONT RASSEMBLÉS SUR CE PARVIS. ILS ONT RENDU HOMMAGE

AUX VICTIMES DE LA FAIM, DE L'IGNORANCE ET DE LA VIOLENCE,

ILS ONT AFFIRMÉ LEUR CONVICTION QUE LA MISÈRE N'EST PAS FATALE.

ILS ONT PROCLAMÉ LEUR SOLIDARITÉ AVEC CEUX QUI LUTTENT

A TRAVERS LE MONDE POUR LA DÉTRUIRE.

« LÀ OÙ DES HOMMES SONT CONDAMNÉS À VIVRE DANS LA MISÈRE,

LES DROITS DE L'HOMME SONT VIOLÉS.

S'UNIR POUR LES FAIRE RESPECTER EST UN DEVOIR SACRÉ. »

PÈRE JOSEPH WRESINSKI

Rédaction de la Revue Quart Monde

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