Faudrait-il un article sur la laïcité dans un dossier intitulé « Religions et pauvreté » ? Non, certainement pas, parce que la laïcité n’est pas une religion, ni un état d’esprit en concurrence avec les religions. Mais des questions dépassent le cadre de la religion.

Pourquoi la pauvreté reste-t-elle ainsi cantonnée aux sphères des religions ? Pourquoi nos Etats qui se sont sécularisés, qui ont gagné leur émancipation par rapport aux pouvoirs des églises ne sont-ils pas parvenus à éradiquer la pauvreté ? Pourquoi l’approche par les droits de l’homme de la pauvreté est-elle encore si souvent étouffée par les approches économiques et financières ? Pourquoi certains chrétiens brandissent-ils comme une bannière leurs convictions religieuses dès qu’il s’agit de la pauvreté ? Et pourquoi les athées, les agnostiques, les libres penseurs n’abordent-ils jamais la question de la pauvreté ?

Enfin pourquoi certains préfèrent-ils utiliser les mots exclusion, précarité ou inégalité ?

On nous dit que la pauvreté diminue dans le monde mais nous la voyons toujours présente dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement.

À première vue, chacun reste enfermé dans ses croyances, ses certitudes, bref ce qui bloque c’est que chacun fait comme s’il avait choisi de longue date, et une fois pour toutes, de se crisper sur la fermeture au monde des autres. Ce n’est pas chez les agnostiques, les athées, les libres penseurs défaut de spiritualité. Ce n’est pas chez les religieux défaut de générosité. Ce n’est pas chez les chercheurs obscurantisme.

Il y a donc une certaine urgence à penser les rapports de la laïcité et de la pauvreté parce que construire un monde sans exclusion nous concerne tous et demande un débat démocratique large et sérieux. Le mieux serait encore de revenir au sens vrai de la laïcité (sans adjectif), une laïcité respectueuse de toutes les options philosophiques et religieuses et par définition organisatrice du débat dont nous avons besoin.