Apprendre à penser ensemble

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « Apprendre à penser ensemble », Revue Quart Monde [En ligne], 170 | 1999/2, mis en ligne le 01 décembre 1999, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/2592

Espagne : à Madrid, des éducateurs gitans

Un plan municipal de soutien aux familles gitanes a, pour la première fois, des éducateurs de cette ethnie.

Loli F. et Juan D. sont des éducateurs sociaux. Les familles gitanes les appellent « cousins ». Ce n’est pas un excès de confiance mais un signe de reconnaissance qui signifie : « Toi et moi sommes gitans et entre nous il y a du respect et un engagement. » Ils sont gitans et connaissent leur langue et coutumes. Ils font partie tous les deux d’une expérience nouvelle : pour la première fois, les gitans ne sont pas seulement les destinataires de l’aide sociale mais aussi ceux qui la donnent. Quatre équipes de travailleurs sociaux dont la moitié sont gitans s’occupent de soutien scolaire et de promotion de la femme. Une de leur bataille est l’absentéisme scolaire qui affecte presque 40 % des enfants. « Aussi nous essayons de faire intégrer l’histoire et les apports du peuple gitan dans le contenu des cours parce que nous sommes depuis cinq cent soixante quinze ans dans la péninsule ibérique et que nous sommes les grands inconnus. » (El Pais, 15-2-99)

Espagne, un endroit pour tous

Rompre les distances qui séparent les citoyens exclus de ceux qui ne le sont pas, c’est la philosophie du « coin des rencontres », un nouveau local pour les personnes sans foyer. On y organisera chaque jour des ateliers de théâtre, écriture, peinture, débats et des séances de cinéma. Il y a aussi une bibliothèque. Avec cette particularité : ces activités ne sont pas destinées seulement aux « sin techo », aux sans toit, n’importe qui peut y participer. (…) L’initiative ne sort pas d’une idée utopique. Elle se base sur une expérience qui existe depuis huit ans à Paris, à l’initiative de Pedro Meca : « Nous offrons aux personnes qui n’ont pas confiance en elles la possibilité de démontrer ce qu’elles valent, chose difficile si elles ne vivent que parmi les exclus. » (El Pais, 4-5-99)

Italie, à Naples, saccage de caravanes

Ici s’est vécue pendant des années une cohabitation sans histoires mais fondamentalement impossible entre nomades et habitants d’un quartier dortoir où la camorra est très présente. Au premier incident, réapparaissent colère, intolérance, rejet. Il s’agit bien d’un accident : vendredi, vers 19 h 30, deux jeunes filles à mobylette ont été renversées par un jeune nomade, vivant à Vérone, mais venu à Naples pour le mariage d’un frère. Sans attendre de connaître la gravité des blessures, quelques minutes après l’accident, une première bande déchaînée avait déjà envahi le camp des nomades. Dans la nuit, des jeunes en scooters ont semé la panique en lançant des bouteilles incendiaires. Le lendemain, une cinquantaine de personnes saccageaient et brûlaient tout… La panique s’est propagée aussi dans les deux autres camps. Leurs affaires chargées à la hâte, les nomades sont partis, escortés par la police. Un chef de famille slave dit : « Ils nous haïssent uniquement parce que nous sommes serbes. » (Corriere della sera, 20-6-99)

Grande-Bretagne, supprimer la pauvreté des enfants

Le Premier ministre a pour objectif la suppression de la pauvreté des enfants en l’espace d’une génération. Mais un document du ministère des Finances montre à quel point la pauvreté et l’inégalité sont enracinées dans le système de classes britannique. Garçons et filles de milieu ouvrier réussissent moins bien à l’école que les enfants de milieux plus qualifiés. (…) La pauvreté limite les aspirations des enfants. L’augmentation des allocations familiales et des indemnités pour les moins de 11 ans ouvre la voie au progrès. (The Gardian, 5-4-99)

Portugal, les enfants de personne

Au Portugal, il y a environ 14 000 enfants abandonnés qui habitent des centres appartenant à des institutions publiques ou privées. Le pays compte environ 220 centres d’accueil pour les enfants. « Nous avons un grand doute en ce qui concerne le bien-être de ces enfants en institutions. Personne ne sait rien d’eux, personne ne se soucie de leur situation et même le ministère de la Justice ne les a pas identifiés convenablement. Ce sont les enfants de personne. » (Correio da Manha)

Portugal :« Nous ne sommes pas des sauvages »

La population d’un quartier de Porto, où six familles se trouvent à la rue à cause d’un incendie, a occupé par la force quelques appartements et est allée manifester devant la mairie.

« Nous savons qu’il y a des maisons vides. Alors, pourquoi ne nous donne-t-on pas les clés ? » « Nous avons reçu une lettre en novembre nous disant que nous allions recevoir une maison et plus de six mois après, nous l’attendons encore. S’ils n’ont pas été capables de reloger cette femme misérable qui a perdu ses trois enfants dans l’incendie, comment pouvons-nous croire qu’ils vont nous reloger ? Ils disent que nous sommes des sauvages, mais ce sont eux, les sauvages. » (…) Après discussion, la mairie a décidé de reloger les six familles. « Nous savons que nous avons occupé abusivement des maisons qui étaient destinées à d’autres, mais nous ne sommes pas des sauvages. Nous l’avons fait parce que nous ne voulions pas que les enfants dorment à la rue, et la mairie ne faisait rien. » (O Publico, 22-6-99)

France, « Un seul savoir ne suffit pas »

Témoignage d’Huguette Garsmeur, assistante sociale à Lille : « J’ai vécu une expérience de Club Santé créé à l’initiative d’habitants, de travailleurs sociaux, d’associations et de médecins traitants. Lors de débats, le médecin restait en retrait et n’intervenait qu’à la demande des habitants. La parole était aux habitants, elle circulait librement. Nous avons énormément appris les uns des autres. Un seul savoir ne suffit pas et risque d’ailleurs de n’être pas reçu. C’est la fusion des savoirs qui amène la connaissance. » (Contact-Santé, mai 99)

France : les SDF vivent mal l’été

Dans toutes les grandes villes de France, les sans domicile fixe souffrent l’été autant, si ce n’est plus, que l’hiver. (…) Les 2 200 lits disponibles en été à Paris sur les quelque 3 000 en hiver sont pris d’assaut. « Beaucoup de SDF disent qu’il est plus facile de combattre le froid que le chaud » explique Anne de Gouy, directrice d’un centre d’accueil Emmaüs. « L’été, la marche dans la chaleur est plus éprouvante pour les pieds, certains s’endorment à l’ombre et ne se rendent pas compte ensuite qu’ils se font brûler par le soleil. » D’autre part, ajoute-t-elle, « l’alcool et les neuroleptiques font un cocktail détonant avec la chaleur, d’autant que les sans-abri ne boivent pas suffisamment d’eau. » (Nouvelle République, 24-7-99)

France: une bibliothèque à la maternelle

Dans un quartier de Tours, le 25 juin, on a inauguré une BCD (bibliothèque centre de documentation). C’est déjà inhabituel dans une école maternelle et en plus, à la rentrée de septembre, la BCD sera ouverte aux parents et aux enfants au-delà des heures de classes. (Nouvelle République, 6-7-99)

France: réparer les échecs de l’illettrisme

On estime que plus de 10 % de la population adulte est concernée par l’illettrisme. Le syndicat de la presse sociale vient de mener une campagne d’information et de mobilisation contre ce fléau. Il publie un livre de témoignages, « L’illettrisme en toutes lettres », ouvrage collectif qui mêle réflexions d’écrivains, analyses et récits. Lionel a 40 ans. Ouvrier dans le textile, il est sorti de l’école à 15 ans sans obtenir son certificat d’études primaires. (…) Lionel a suivi un stage de formation en lecture et écriture. « Je n’ai pas pris la décision du jour au lendemain. J’ai eu un entretien, tout ça, j’ai longuement hésité. C’est qu’il fallait rentrer en classe, rencontrer d’autres gens… Au début, c’était dur, parce qu’à 40 ans, retourner à l’école, on est super complexé, super gêné. » Encouragé par son épouse qui s’inquiétait du suivi scolaire de leurs enfants, Lionel a sauté le pas. (…) « Maintenant je suis content, j’aime bien. On apprend plein de choses intéressantes. J’avance. J’ai passé le certificat de formation générale. Je ne me voyais pas capable et puis ça a marché. C’est vrai qu’on a bien bossé. Les profs, franchement super. (…) La formation permet de me valoriser… Maintenant, il y a encore des fautes, mais ça passe mieux, je n’ai plus peur… Cela va être long, très long, mais il faut que je tienne bon. » (Ouest-France, 7-5-99)

Les pays pauvres, terrain d’essai

On peut craindre que la disparité des réglementations n’incite des firmes ou des équipes de recherche à tester de nouveaux OGM (organisme génétiquement modifié) dans des pays moins armés scientifiquement et moins vigilants que les pays d’Europe occidentale. (Le Monde, 26-5-99)

La pauvreté, « terra incognita » de la recherche

Comment venir en aide aux pays les plus pauvres ? Cette question, presque aussi vieille que la science moderne, devrait être présente à l’esprit de tous les participants à la conférence mondiale de l’Unesco à Budapest. La science a connu par le passé des résultats mitigés. Que ce soit dans ses tentatives pour mieux comprendre la pauvreté ou dans celles engagées pour améliorer la qualité de la vie. (Le Monde, 30-6-99)

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