Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Rosetta

Françoise Ferrand-Vanderelst

Bibliographical reference

Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Rosetta, film franco-belge réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne, 1999.

References

Electronic reference

Françoise Ferrand-Vanderelst, « Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Rosetta », Revue Quart Monde [Online], 172 | 1999/4, Online since 01 June 2000, connection on 18 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/2661

C’est par leur film précédent « La promesse », sorti en 1996, que Luc et Jean-Pierre Dardenne, issus du bassin ouvrier liégeois, se sont fait connaître du public hors des frontières belges.

Comment ont-il pu, comment ont-ils su, les deux frères Dardenne, dépeindre avec tant de sensibilité, de justesse, la vie et le combat de Rosetta ?

Comment l’actrice a-t-elle pu à ce point entrer dans la peau de Rosetta ?

Comment le jury du Festival de Cannes, en lui attribuant la Palme d’Or, a-t-il pu saisir que ce film ne concernait pas seulement un public spécialisé dans la lutte contre la misère ?

Il est difficile de répondre à ces questions, elles restent pour moi des interrogations.

Le film « Rosetta » n’est pas un film à caractère social. Il raconte de manière obsessionnelle le combat d’une jeune femme pour avoir un travail. Histoire commune à de nombreuses femmes. Le génie des frères Dardenne est de faire incarner ce rôle à une jeune femme qui a sans doute le moins de chances socialement et culturellement pour qu’il aboutisse. Alors se révèlent toutes les qualités dont il faut faire preuve dans une telle quête, le courage, la volonté, l’endurance. Mais aussi, parfois, les coups bas pour arriver à ses fins.

Rosetta nous fait vivre avec elle ses peurs, ses silences, sa détermination, ses colères, sa tendresse.

En pensant à ce film, il m’arrive souvent de changer le prénom. Rosetta, c’est Christine, Maryline, Sophie, Francine... des jeunes qui nous ont appris qu’avant toute autre considération elles sont des jeunes femmes pour qui le mot vivre est le maître-mot. Il se conjugue avec se battre. Se battre contre l’adversité, contre la fatalité, contre soi-même, parfois, ou ses proches.

Rosetta, c’est une partie de nous-mêmes qui refuse le sort qui nous est imparti, qui nous est prédit. Et quand les épreuves sont trop rudes, quand le découragement, la lassitude ont raison de notre révolte, comme Rosetta, c’est de la main d’un ami dont nous avons besoin pour nous remettre debout.

CC BY-NC-ND