Une peluche baignait dans la boue...

Jacqueline Chabaud

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Jacqueline Chabaud, « Une peluche baignait dans la boue... », Revue Quart Monde [En ligne], 153 | 1995/1, mis en ligne le 05 septembre 1995, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/2882

Quelque part en France, un jour d’hiver. Le cadavre d’un petit garçon d’environ trois ans est découvert dans un parc, sous des feuilles, au pied d’un arbre. Non loin de là, un chien attire son maître jusqu’à une tente, installée au bord d’une rivière, au milieu des ronces, à l’abri des regards. Tout près d’un centre de recherches scientifiques. Pour la police, les vêtements et objets, dont une peluche, dispersés dans la boue, attestent qu’un homme a vécu là, plusieurs jours, avec l’enfant. L’enquête éclairera peut-être le drame. Mais elle ne dira pas comment il est possible de se cacher au point que nul ne vous aperçoive...

Cette peluche d’enfant m’obsède...

En ces jours où les inondations ravagent une partie des pays européens, n’est-il pas des personnes et des familles tellement cachées qu’elles seront restées, une fois de plus, sans aucune aide ?

En ces semaines où la lutte contre l’exclusion devient en France un enjeu électoral, n’est-il pas nécessaire de nous rappeler qu’au-delà des plus exclus dont on parle tant, il est des familles si cachées que seules, d’autres failles, quasi aussi pauvres qu’elles, les connaissent et peuvent nous les faire connaître ?

Contrairement aux expressions toutes faites, la misère, rarement visible, n’est jamais ni criante, ni notoire.

Jacqueline Chabaud

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