Liverpool : la blessure

Jean-Claude Caillaux

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Jean-Claude Caillaux, « Liverpool : la blessure », Revue Quart Monde [En ligne], 146 | 1993/1, mis en ligne le 05 août 1993, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3259

En Angleterre, un enfant est assassiné...

L'effroi s'est abattu, brisant les parents bien plus loin que leurs larmes au tranchant de l'horreur. La vie tellement donnée, deux enfants, brutalement, l'ont tuée.

En France, la voix des ondes ne parle plus que de « ces enfants criminels, 10 ans, sans pères, aux mères ivrognes… »

Deux enfants. Des visages dont les yeux n'imaginent pas la couleur des forêts, le flux et le reflux des mers et combien l'écume a goût jusqu'au creux des rochers, le sourire de l'avenir...

Des regards murés en une question sans ouverture.

Deux enfants, en quête d'un chemin qui accueille, devenus questions du monde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Jusqu’où le malheur ? Jusqu'où la lancinante fatigue de la beauté par le malheur ?

Des souffrances qui s'excluent. Que viennent blesser en moi ces enfants ? Et quelle faille réveillent les parents et voisins de c et enfant tué ? Qui suis-je là devant ?

Ces questions demeurent. Elles fouaillent en chacun l'exigence de répondre à ce qui ne se peut dire. Mais la forêt, la mer et l'avenir enseignent de donner à tout visage son même poids d'amour – quel qu'en soit le défi.

Ainsi de ces deux enfants sourd comme le murmure trop tôt enfoui : jamais nul n'est cerclé dans un destin sans retour… Car faisant déjà mémoire de l'avenir, nous traçons des signes de tendresse – en dépit de tout.

Jean-Claude Caillaux

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