Assumer ses responsabilités

Fidel V. Ramos

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Fidel V. Ramos, « Assumer ses responsabilités », Revue Quart Monde [En ligne], 149 | 1993/4, mis en ligne le 01 juin 1994, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3334

Tout d’abord, je voudrais remercier toutes les personnes pauvres de la ville ici présentes. Nous leur rendons hommage et nous nous unissons à elles en ce jour. Tous nos efforts pour le progrès de notre pays visent à sortir notre peuple de l’extrême pauvreté et à vivre dans la prospérité et la paix (…)

Les témoignages que nous venons d’entendre et la signature du mémorandum d’accord que nous venons de voir résument les aspirations et les luttes des pauvres pour se libérer du cercle vicieux de la pauvreté et pour parvenir à une vie meilleure.

Nous connaissons les effets néfastes sur notre nation et notre peuple de la pauvreté écrasante qui s’étend. Elle peut engloutir des communautés entières et des pans entiers de la société, et se transmettre de génération en génération. Elle réduit l’espérance de vie, disperse l’esprit de l’homme, érode les valeurs familiales et communautaires et, en dernier lieu, détruit le tissu social et économique de la nation

Une majorité de pauvres

Il est manifeste qu’aujourd’hui, dans notre pays, une minorité possède encore trop de biens matériels, de pouvoirs et de faveurs, tandis que la majeure partie de nos concitoyens en ont peu ou presque aucun. Quel est alors le rôle du gouvernement ? Il est de consacrer toutes ses ressources à réparer cette grave injustice sociale et économique (…)

Nous pouvons et nous devons agir pour que les pauvres aient accès, à égalité avec toutes les familles des Philippines, aux besoins fondamentaux tels que la nourriture, l’eau, le logement.

De plus, nous devons leur offrir des possibilités d’emploi et un système judiciaire qui leur donnent la dignité en tant que citoyens et en tant qu’êtres humains.

Nous pouvons et nous devons constamment rappeler à l’élite politique et économique que nous affronterons des dangers beaucoup plus graves à l’avenir, à moins que nous supprimions les inégalités, dans une option préférentielle pour les pauvres.

Lorsque j’ai prêté serment devant le peuple à ma prise de fonction, je me suis engagé personnellement et j’ai engagé le gouvernement à renforcer le pouvoir des Philippins et à les libérer de la pauvreté et de l’injustice sociale (...)

Le gouvernement doit intervenir

Le gouvernement doit atteindre les secteurs marginalisés et vulnérables du pays : les plus pauvres parmi les pauvres, les femmes et les enfants en difficulté, les handicapés, les personnes du 3ème âge, les minorités culturelles et ethniques, les victimes de cataclysmes doivent avoir droit aux soins, aux moyens d’existence et à l’emploi. Plus important encore, on doit leur donner la possibilité d’être écoutés et entendus.

Ceux d’entre nous qui sont plus privilégiés doivent assurer aux pauvres et aux faibles qu’ils comptent dans la vie du pays et dans son avenir.

Déclarer la guerre à la pauvreté

Le mémorandum d’accord signé par les gouverneurs des provinces les plus touchées par la crise (…) marque une nouvelle phase dans cette guerre contre la pauvreté. Les cadres locaux doivent désormais assumer la responsabilité d’implanter des programmes répondant aux besoins fondamentaux ; le gouvernement central fournira le soutien et l’assistance technique. Le fait que ces gouverneurs signent cet accord en notre présence signifie qu’ils ont passé un contrat avec leurs électeurs et leur président. Nous les tenons pour liés à cet engagement (…)

J’ai donné des instructions au Ministère de l’action sociale et du développement1 – premier instrument social au service des plus pauvres - ainsi qu’aux autres agences créées pour s’attaquer à la pauvreté, telles que la Commission présidentielle de lutte contre la pauvreté et la Commission présidentielle pour les pauvres dans les villes, pour que des programmes soient mis en place de manière coordonnée, cohérente et globale.

Tous les autres ministères, quels que soient leurs domaines de compétence et leurs programmes, doivent être particulièrement attentifs aux pauvres dans leur réflexion et leurs actions.

La ligne de fond est que, dans tout ce que nous faisons, nous tenions compte des pauvres, et cherchions à les aider. Nous continuerons à compter sur le soutien du secteur privé : les ONG, les associations populaires, les agences des Nations unies et les pays donateurs plus développés.

Proclamation n°269 par le Président des Philippines

Déclarant que le 17 octobre de chaque année sera la Journée nationale du refus de la misère

ATTENDU que le gouvernement des Philippines s’est engagé à l’éradication de la pauvreté, et à la réalisation des possibilités des personnes en tant qu’êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu ;

ATTENDU que l’administration de ce pays a établi des structures et des réglementations appropriées pour remplir ses objectifs, tels qu’ils sont exprimés dans le Plan à moyen terme de développement des Philippines et dans la perspective « Philippines l’an 2000 » ;

ATTENDU que la lutte contre la pauvreté exige que des efforts concertés et soutenus soient entrepris par tous les secteurs, solidairement avec les pauvres ;

ATTENDU que l’Assemblée générale des Nations unies (A/RES/47/196-22 décembre 1992) a déclaré que le 17 octobre devrait être la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, à partir de 1993 ;

ATTENDU que le gouvernement national reconnaît que l’observance d’une Journée mondiale pour vaincre l’extrême pauvreté procure une occasion pour les plus pauvres d’être entendus et pour tout le peuple de s’unir à eux ;

EN CONSEQUENCE, MOI, FIDEL V. RAMOS, Président des Philippines, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi, déclare par le présent acte que le 17 octobre de chaque année sera la Journée nationale du refus de la misère, en observance de la « Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. »

Toutes les agences gouvernementales, les organisations non gouvernementales, les moyens de communication, les groupements spécialisés, les individus sont, par le présent acte, incités à organiser des activités destinées à marquer cette journée, et plus particulièrement à rendre hommage aux souffrances et au combat des plus pauvres, et à chercher ensemble des moyens pour travailler en partenariat avec les pauvres en vue de supprimer leur pauvreté.

EN FOI DE QUOI, j’ai apposé ma signature et ordonné que le sceau de la République des Philippines soit apposé.

Fait en la ville de Manille, le quatrième jour d’octobre de l’année du Seigneur, mil neuf cent quatre-vingt-treize.

Le rôle des pauvres

Vous, amis des régions rurales ou urbaines en crise, vous avez un rôle clé à jouer dans votre développement.

En rendant la dignité aux pauvres de notre pays et du monde entier, réaffirmons notre engagement à combattre la pauvreté sous toutes ses formes et partout où elle existe.

Au moment où le 17 octobre est déclaré Journée nationale du refus de la misère, nous devons, chaque jour, apporter notre contribution à ce refus de la pauvreté dans notre pays, tant qu’un seul enfant ou une seule famille sont encore privés des conditions d’existence de base.

Je ferai, en tant que votre Président, tout ce qui est en mon pouvoir pour que nous tenions l’engagement que nous avons pris aujourd’hui, qu’il soit celui dont nous puissions être fiers (…)

Finalement, il vous appartient aussi de bâtir votre propre avenir. Nous sommes ici pour vous aider à sortir de la pauvreté. Mais à vous de prendre le départ avec votre propre courage, vos propres efforts et vos propres talents afin d’améliorer votre condition. Nos souhaits pour les « Philippines l’an 2000 » s’adressent à nous tous. Le véritable progrès n’est pas pour quelques-uns, mais pour le grand nombre. C’est pourquoi, continuons à nous rassembler et à nous entraider parce que tout ce que nous entreprenons est destiné à tout un chacun et à notre pays.

A Manille, la réplique de la dalle à l’honneur des victimes de la misère, est placée dans un lieu historique : le Rizal Park, dédié à José Rizal y Alonso (1861-1896), un héros national qui avait lutté pou la liberté et l’avancement intellectuel et moral du peuple philippin, durant la colonisation espagnole.

Animé par la conviction que la violence n’était pas une réponse à l’oppression, il a marqué son pays par sa vie, par sa pensée, par sa poésie. Dans un poème écrit le soir de son exécution par les Espagnols, en 1896 dans ce parc, Rizal dit : « Ce qui est important, c’est que nous vivons et que nous arrivons à mourir pour nos convictions. Nos convictions qui sont celles d’aimer une terre et d’aimer des êtres humains. »

1 Départment of Social Welfare and Dévelopment : DSWD.

1 Départment of Social Welfare and Dévelopment : DSWD.

Fidel V. Ramos

Président des Philippines

CC BY-NC-ND