Tourisme en illettrie

Geneviève Defraigne Tardieu

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Geneviève Defraigne Tardieu, « Tourisme en illettrie », Revue Quart Monde [Online], 135 | 1990/2, Online since 05 August 1990, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3863

Quelle joie de voir Jane Fonda et Robert de Niro à l’écran pour traiter de l’illettrisme !

Dans le film « Stanley et Iris », le tableau est tracé à gros traits. La jeune veuve travaille dans une usine et rencontre un cuisinier dont elle découvre le manque : il ne sait ni lire ni écrire. Naïve, elle révèle cette ignorance et le cuisinier est renvoyé immédiatement. Il se nomme Stanley.

L’amour se mêlant aux leçons de lecture et d’écriture, Stanley n’est pas long à apprendre d’Iris. Elle lui assure la libération qui lui donne accès à la fortune.

Dommage. On aurait aimé que le scénario soit juste et d’un bout à l’autre il sonne faux. Pourtant, l’effort et réel pour que le personnage ignorant présente bien, soit sympathique, intelligent, très créatif. On comprend sa grande difficulté à trouver du travail, à se diriger, à prendre le bus, l’impossibilité d’ouvrir un compte en banque.

L’Amérique – ou le metteur en scène – traite de la pauvreté et de l’illettrisme sans fausse honte. L’illettré est un vrai héros auquel, pour un peu, on voudrait s’identifier. Mais on ne voit pas sa réelle souffrance, l’ensemble reste superficiel.

Espérons pourtant que ce film éveille l’intérêt. Puisse-t-il attirer des milliers d’illettrés du monde entier, ne serait-ce que pour découvrir Robert de Niro exultant de joie dans une bibliothèque et l’y suivre.

CC BY-NC-ND