Ligue des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge

Monique Esnard

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Monique Esnard, « Ligue des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge », Revue Quart Monde [En ligne], 129 | 1988/4, mis en ligne le 10 octobre 2022, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/4041

En travaillant ensemble à connaître les situations des plus pauvres, le groupe a souvent été amené à redécouvrir les options de base de certaines organisations-membres et leur lien avec la volonté de faire reconnaître chaque personne dans son humanité. Le Mouvement de la Croix Rouge dont la Ligue a participé au groupe depuis le commencement en donne un exemple. Il est certes organisé pour faire progresser le droit humanitaire international mais tout autant pour que ses sociétés nationales voient dans les victimes des catastrophes ou des guerres les êtres humains à aider, y compris lorsque leurs ennemis dénient leur humanité

« Par l’humanité vers la paix »

Henry Dunant, fondateur de la Croix Rouge, a voulu réagir à la vision d’horreur du champ de bataille de Solférino. Au soir de la bataille, en 1859, des milliers de soldats blessés furent laissés sans soins, à l’abandon, voués à une mort certaine.

Il témoigna de ce qu’il avait vu en publiant « Un souvenir de Solférino ». Il concluait ce témoignage en proposant de préparer en temps de paix des « secoureurs volontaires » et d’obtenir leur « neutralisation » jusque sur les champs de batailles. Les Sociétés Nationales de la Croix Rouge et du Croissant Rouge sont d’abord cela, même si leurs activités de paix se sont considérablement diversifiées depuis un siècle. Elles sont notamment orientées vers l’aide aux victimes de catastrophes de toutes sortes dans le monde entier.

Le Comité International de la Croix Rouge cherche en permanence à pousser les instances internationales à affiner les conventions de droit international humanitaire. Pourtant aujourd’hui, il constate que la conjoncture politique mondiale se détériore, que les impératifs politiques et de sécurité passent bien avant le souci humanitaire. Il réagit en lançant une campagne de « mobilisation humanitaire ».

Le Mouvement International de la Croix Rouge ne fait aucune distinction entre les hommes. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes. Pour ce faire, surtout en cas d’hostilités, il doit garder la confiance de tous. Les Sociétés Nationales sont des auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et sont soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, mais elles doivent conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement.

L’engagement du Mouvement est de garder l’accès à des hommes en état de faiblesse totale lorsqu’ils risquent de n’être plus comptés pour rien. Les Sociétés Nationales soutenues par la Ligue préparent des secouristes et volontaires capables de vivre cet engagement.

La base de leur action conformément au principe d’humanité est de « prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes ». Elles s’efforcent de « protéger la vie et la santé, ainsi que de faire respecter la personne humaine », en d’autres termes, les droits de l’homme les plus essentiels : droit à la vie, à la santé, à l’éducation, etc. Par leurs services, activités et projets, les Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge s’adressent de façon régulière aux groupes vulnérables de populations défavorisées : aide financière pour pallier des situations variées, mais aussi pour permettre la scolarisation d’enfants qui, autrement, rejoindraient la cohorte des illettrés, possibilités d’hébergement et autres formes d’assistance.

Néanmoins cette aide palliative aux plus démunis se voulait être un aspect relativement exceptionnel de leur travail. Elles s’efforcent aujourd’hui de développer la notion de services dans lesquels les intéressés sont les principaux acteurs, favorisant ainsi la participation en visant à l’auto suffisance.

Mention doit être faite des cours de formation professionnelle et pré-professionnelle qui permettent aux jeunes des milieux défavorisés « de s’équiper pour la vie » en apprenant un métier, ainsi que des cours d’alphabétisation des adultes, qu’il s’agisse de populations autochtones ou de migrants et qui leur facilitent non seulement la vie de tous les jours, mais favorisent leur intégration, leur participation éventuelle à la vie de la communauté, le respect d’eux-mêmes et une vie associative.

Monique Esnard

Conseillère technique au service social Ligue des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge

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