Association Internationale des Magistrats de la Jeunesse et de la Famille Fédération Internationale des Femmes de Carrière Juridique

Hanka Veillard Cybulska

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Hanka Veillard Cybulska, « Association Internationale des Magistrats de la Jeunesse et de la Famille Fédération Internationale des Femmes de Carrière Juridique », Revue Quart Monde [Online], 129 | 1988/4, Online since 05 May 1989, connection on 19 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/4043

L’ONU est un carrefour de tous les peuples, de tous les courants qui influencent l’avenir du monde. Les ONG sensibles à la situation des moins puissants, révèlent des problèmes de notre temps. Le groupe OING Quart Monde cherche à développer cette sensibilité. L’Association Internationale des Magistrats de la Jeunesse et de la Famille montre ici cet apport

Les tribunaux d’enfants créés à Chicago et à Denvers en 1899 ont été pionniers dans la prise de conscience que les enfants auxquels ils avaient à faire ne pouvaient être justiciables sans tenir compte de ce que la plupart venaient des milieux les plus pauvres. La misère marquait évidemment leur vie familiale de problèmes très importants pour les juges.

Notre Association s’est constituée en 1928, dans l’esprit de la Société des Nations. Elle reste toujours fidèle à ces principes dans l’esprit de l’ONU qui l’honore d’un statut consultatif et patronne ses congrès.

Depuis sa création, notre association œuvre en faveur des jeunes et de leurs familles en difficulté dans les domaines du soutien social, de la procédure judiciaire et de la législation.

À la première réunion du Groupe OING Quart Monde, en entendant le père Joseph, je me suis dit que ce Groupe mettait le doigt sur les problèmes de fond. Au fil des années, je n’ai pas seulement participé aux réunions du groupe. J’ai vécu avec lui, avec les questions qu’il soulevait et en fonction desquelles notre travail devait être adapté. Le Père Joseph apportait parmi tant et tant de choses une exceptionnelle proximité de la réalité des gens eux-même en leur donnant la parole. Il en a fait des acteurs. Il a compris les grands problèmes actuels de l’humanité, et surtout, il a cherché.

Le Groupe a influencé notre association ainsi que la Fédération Internationale des Femmes de Carrière Juridique. Le congrès de l’Association Internationale des Magistrats de la Famille et de l’Enfant à Rio de Janeiro en 1986, en témoigne particulièrement dans son introduction :

« L’extrême pauvreté de la plupart des familles constitue le problème principal auquel sont confrontés les magistrats de la jeunesse et de la famille et les praticiens des services sociaux dans la majorité des pays représentés à ce congrès.

En raison de cette situation, ni le système judiciaire, ni les services sociaux qui coopèrent avec lui, ne peuvent apporter les solutions appropriées, car ils sont fondamentalement préparés à répondre à des problèmes dont les causes peuvent être individualisées.

Par ailleurs, il est inacceptable que les jeunes soient séparés de leur famille et de leur environnement, principalement parce qu’ils sont issus d’un milieu socialement défavorisé.

En conséquence, nous demandons à tous les gouvernements de nos pays de garantir, par leur politique économique et sociale, à toutes les familles la satisfaction des besoins fondamentaux tels que la santé, l’alimentation, le logement, l’éducation et le travail.

Il faut aussi améliorer la législation et l’organisation judiciaire, afin de garantir les droits des mineurs et d’éviter, comme c’est fréquemment le cas, que les jeunes pauvres, abandonnés et négligés ne fassent l’objet de discrimination en raison de leur condition défavorisée.

Par ailleurs le congrès propose dix-huit résolutions portant sur différents points : la décision de séparation, l’adoption, la séparation temporaire, les alternatives à la séparation temporaire, les alternatives à la séparation, la peine de mort. La dix-septième résolution commande aux états : de favoriser la recherche et la collaboration interdisciplinaire pour créer des solutions nouvelles et rationaliser les moyens d’éviter la séparation du mineur de la famille ».

Pour pouvoir mieux réaliser cette résolution, un « Fond Veillard-Cybulski » a été créé sous les auspices de l’AIMJF dont peuvent bénéficier les membres du Groupe OING Quart Monde.

Afin que les magistrats de la jeunesse et de la famille puissent s’engager encore plus dans une collaboration active en faveur du Quart Monde, il faut que ces deux OING se connaissent mieux.

Nous avons toujours été heureux de voir nos collègues juges participer activement aux réunions du Quart Monde, par exemple au congrès à l’UNESCO à Paris, ou au Conseil de l’Europe à Strasbourg, ou encore aux autres manifestations internationales.

Nous avons toujours regretté lorsque nos invitations aux congrès de l’AIMJF, adressées aux dirigeants du Mouvement ATD Quart Monde n’ont pas eu de suite. Et pourtant, nous sommes convaincus que la présence d’un ou des représentants du Quart Monde donnerait un nouveau souffle aux magistrats de la jeunesse et de la famille.

Notre suggestion est alors que le Groupe ne se limite pas à une ou deux rencontres annuelles, mais qu’il élargisse ses activités par des fréquentations réciproques des OING membres quand elles traitent un thème qui leur est commun.

Ce serait l’un des moyens que nous n’avons cessé de chercher pour renforcer notre action ensemble.

Hanka Veillard Cybulska

Membre d’Honneur du Comité général de l’AIMJF et FIFCJ

CC BY-NC-ND