Lumpenprolétariat : Marx au crible de Wresinski

Tobias Teuscher

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Tobias Teuscher, « Lumpenprolétariat : Marx au crible de Wresinski », Revue Quart Monde [Online], 200 | 2006/4, Online since 05 May 2007, connection on 20 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/432

Chaque révolution européenne a connu une population méprisée en raison de son statut social. Le Quatrième Ordre, le Lumpenprolétariat et le Quart Monde désignent précisément cette population. Alors que le Quart Monde se revendique aujourd’hui de l’héritage du Quatrième Ordre, qu’en est-il du Lumpenprolétariat ?

Index de mots-clés

Joseph Wresinski

Forgée au 19e siècle dans le contexte de la révolution industrielle anglaise, la conception de Lumpenprolétariat demeure stimulante. Le terme et la catégorie se sont vite imposés : ils n’en étaient pas moins problématiques car le groupe social ainsi désigné semblait d’emblée privé de statut, de fonction et de conscience propres.

Dans le Manifeste du parti communiste (1848), texte le plus connu de Marx (et Engels), le Lumpenprolétariat désigne le « pourrissement passif des couches les plus basses de la vieille société ». Il aurait du, dès le départ, rejoindre les ambitions révolutionnaires du prolétariat. Or, « toutes les conditions de son existence font que [le Lumpenprolétariat] sera plus disposé à se laisser acheter pour des machinations réactionnaires. »1 Au contraire, Joseph Wresinski désigne le Quart Monde comme moteur d’humanité au centre d’un projet de société, révélateur de l’indivisibilité des droits de l’Homme : « Tout homme porte en lui une valeur fondamentale inaliénable qui fait sa dignité d’homme. Elle donne à chacun le même droit inaliénable d’agir librement pour son propre bien et pour celui des autres. »2

Sur les conditions comparables d’une même population, se prêtent à cent cinquante ans d’écart deux interprétations aux aboutissements fondamentalement différents, proches dans leurs intentions premières, mais influencées par une compréhension très divergente de l’individu et de la conscience collective : aux trajectoires descendantes s’opposent des trajectoires montantes. Du Lumpenprolétariat au Quart Monde : entre ces notions mitoyennes se dessine un lien de continuité mais aussi une rupture qui mérite d’être tenue pour un objet digne de soins scientifiques. Le Quart Monde réhabilite, à travers le discours militant, la population autrefois désignée par le terme de Lumpenprolétariat et confirme, par l’action autant militante qui s’ensuit, la pertinence de la méthode jadis employée par Dufourny de Villiers pour le Quatrième Ordre de la révolution française3. Avec les personnes qui le composèrent pour donner un visage et une identité, une parole et une conscience collective aux plus pauvres, afin de permettre leur pleine reconnaissance sociale, politique et juridique. C’est la présupposition de départ que je discute dans le cadre d’une thèse de doctorat consacrée à la pensée et l’action politique de Joseph Wresinski4. Ici, je me propose d’introduire dans le système philosophique de Marx et Engels et de faire connaissance avec le Lumpenprolétariat.

Quelques précautions s’avèrent utiles. Suggérer la réhabilitation du Lumpenprolétariat par le Quart Monde paraît naïf si l’on considère comme exclusif le lien entre le Quatrième Ordre révolutionnaire et le Quart Monde contemporain5. Nul ne le conteste. La conception théorique du Lumpenprolétariat rappelle cependant que l’œuvre « polyphonique » de Karl Marx « a posé de bonnes questions, donné un certain nombre de réponses qu’il ne faut pas méconnaître, même si elles ne valent plus et qu’elle appartient au passé, à notre passé malgré tout  »6. Puisque le marxisme ne sert plus ouvertement de prétexte idéologique aux régimes totalitaires, un horizon pragmatique s’ouvre alors pour considérer le message marxien initial et y apporter un éclairage novateur. Ce retour créatif à Marx nécessite également d’évacuer l’obsession de vouloir y trouver la réponse à toute question que la vie pose, car « beaucoup de questions décisives, telles que l’importance de règles éthiques universelles et des droits de l’homme pour l’action politique sont soit absentes, soit traitées de façon inadéquate dans ses écrits. »7 Enfin, l’ambiguïté fondamentale de l’œuvre marxienne, origine de sa force libératrice, continue à alimenter les controverses de son interprétation. L’ambivalence dont le Lumpenprolétariat est exemplaire, nous le verrons, se nourrit du double positionnement de Marx à la fois en tant qu’homme de sciences et homme d’action : il a formulé une théorie de la société qu’il a cherché à assortir d’une praxis, les deux aspects étant animés par des présuppositions d’ordre éthique8. S’interroger sur cette substance éthique chez Marx, c’est relancer la question sur la valeur que Marx accorde, avant et après la rupture épistémologique, aux questions de l’individu ou de la révolution en général9.

Cette approche néglige éventuellement l’un ou l’autre aspect du problème dans sa lumière comme dans ses ombres. Simple dans son énoncé, la démonstration reste, là encore, complexe, en raison du risque d’abandonner la position scientifique au profit d’un raisonnement militant. Mon propos vise, dans son essence, la place de l’Homme de la misère dans la société et son apport aux forces révolutionnaires, ou, pour reprendre la formule de Jean Tonglet, sa capacité d’humaniser l’Humanité. Le 19e siècle n’est pas réellement parvenu à prendre en charge le peuple de la misère10, mais retrouvons-nous chez Marx cette « idée d’une autre politique et d’autres formes de la pensée faisant éclater la distribution institutionnelle des savoirs »11 à l’instar de Dufourny de Villiers ou, à sa suite, de Joseph Wresinski ? A mi-chemin entre une somme érudite et une entreprise de vulgarisation, la mise en perspective vise à reconstruire les mobiles qui conditionnèrent la prise de conscience de la misère chez Marx et Wresinski. Un dialogue se dessine ainsi entre ces deux personnages sur leurs conceptions de la société et les implications politiques, philosophiques et éthiques aujourd’hui.

Déluge allégorique et monstre théorique

La lecture des trente neuf tomes de la Marx-Engels-Gesamtausgabe dégage le Lumpenprolétariat en cinquante deux occasions seulement, et d’une pertinence inégale. Il émerge par des développements inégaux en fonction du caractère politique ou économique voire scientifique des textes, dans La situation des classes laborieuses en Angleterre (1845), dans l’Idéologie allemande (1846), dans le Manifeste du parti communiste (1848) et dans les articles La lutte des classes en France publiés initialement dans les quatre numéros de la Nouvelle Gazette rhénane (1850) dont Marx était le rédacteur en chef. Le 18 Brumaire de Louis-Bonaparte (1852) de Karl Marx présente, avec La lutte des classes, un texte particulièrement intéressant pour notre propos au même titre que les Grundrisse (1859). Le 23e chapitre du livre premier du Capital (1867) vient clore notre inventaire. Friedrich Engels fit pour sa part référence au Lumpenprolétariat dans La Campagne pour la constitution du Reich (1850) et dans La guerre des paysans en Allemagne en 1525 (1850). Mentionnons enfin quelques missives de Marx et d’Engels auxquelles nous reviendrons plus tard.

La répartition géographique du Lumpenprolétariat promène le lecteur en Allemagne, à Naples, à Paris, à Bruxelles, à Vienne, à Londres. D’entrée de jeu, et que Marx l’aborde par l’histoire, la sociologie ou l’histoire, la notion était invariablement disqualifiée.

Historiquement d’abord, le Lumpenprolétariat était présenté comme la butte témoin, le fossile de sociétés antérieures. C’est à l’occasion d’analyses consacrées à l’ancienne Rome de l’Antiquité ou au féodalisme religieux que Marx se penchait sur ces résidus archaïques, sans pourtant leur reconnaître plus d’avenir qu’aux Aztèques ou aux aborigènes.

Sociologiquement ensuite, le Lumpenprolétariat n’était pas mieux loti, puisque le terme désignait un groupe d’individus structurellement dégénérés. Décrivant dans le 18 Brumaire la « Société du 10 Septembre », Marx esquissait du Lumpenprolétariat parisien ce portrait sans nuance, sans espoir, sans lumière : « Sous le prétexte de fonder une société de bienfaisance, on avait organisé en sections secrètes la canaille [Lumpenprolétariat] de Paris ; (...) Des roués en déconfiture, dont les moyens d’existence n’étaient pas moins douteux que l’origine, des bourgeois déclassés, corrompus, véritables chevaliers d’industrie, des soldats et des prisonniers libérés, des galériens en rupture de ban, des charlatans, des faiseurs de tours, des lazzaroni, des voleurs à la tire, des prestidigitateurs, des joueurs, des maquereaux, des tenanciers de bordels, des portefaix, des littérateurs, des joueurs d’orgue, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, en un mot toute la masse confuse, irrégulière, flottante que les Français appellent la bohème (...) tous ses membres, à l’exemple de Bonaparte, éprouvaient le besoin de vivre aux dépens de la nation qui travaille. »12

Si l’allusion à la « Bohème » réservait la possibilité d’une subculture propre, comme chez Henry Murger13 ou Honoré de Balzac14, l’énumération hétéroclite ne donnait au Lumpenprolétariat qu’une identité en creux sous le signe du déclassement, à mille lieues de l’Homo Faber qui, même exploité et misérable, trouve, du moins dans le travail, l’espace de sa socialisation, le moyen de se découvrir et de se réaliser, le principe de sa dignité et de son humanisation.

Economiquement enfin, les Lumpenprolétaires étaient situés en dehors de tout système économique, soldats perdus de l’armée industrielle de réserve, saisonniers ou chômeurs tombés du cycle économique, « surpopulation flottante, latente et stagnante » perturbant le marché du travail, « sphères inférieures du paupérisme », « précipité le plus bas », et cette description là encore ne ménageait aucune issue : « Si l’on fait abstraction des vagabonds, des criminels, des prostituées, bref, du Lumpenprolétariat proprement dit, cette couche sociale se compose de trois catégories… D’abord les ouvriers et ouvrières que le développement social a, pour ainsi dire, démonétisés, en supprimant l’œuvre de détail dont la division du travail avait fait leur seule ressource ; puis ceux qui par malheur ont dépassé l’âge normal du salarié ; enfin les victimes directes de l’industrie – malades, estropiés, veuves etc., dont le nombre s’accroît avec celui des machines dangereuses, des mines, des manufactures chimiques etc. (...) Plus s’accroît enfin cette couche des Lazare de la classe salariée, plus s’accroît aussi le paupérisme officiel. »15

La notion finira par désigner chez Marx un peu n’importe quoi : en repos à Cannes, c’est au Lumpenprolétariat qu’il rattache les garçons de café, les grooms, les domestiques. Une fois les vacances terminées, le vocable est repris pour évoquer la bourgeoisie financière, car « donner et prêter, voilà toute la science financière de cette canaille (Lumpenprolétariat), qu’on considère en bas ou en haut de l’échelle sociale. » Dans les Grundrisse enfin, c’est indépendamment de leur statut social que tous ceux qui n’étaient pas intégrés au processus de production, le pape le premier, rejoignaient l’armée des Lumpenprolétaires.

Déluge allégorique et monstre théorique : pas plus Engels que Marx n’eurent une idée bien précise du terme dont la seule permanence était de venir sous leur plume comme fond de décor, boutade ou repoussoir. Ce flou conceptuel rend à première vue la notion impropre à tout usage. Du point de vue linguistique, ce germanisme malheureux avait d’entrée été forgé à cet usage méprisant, les mots prolétariat et lump étant chargés de fortes connotations négatives, guidant, par le jeu d’une intertextualité à laquelle aucun lecteur germanophone ne peut échapper, vers une interprétation plus morale que fonctionnaliste. Issu de la grande bourgeoisie rhénane et époux de Jenny von Westphalen, fille du baron von Westphalen, on sait que Marx souffrit sa vie durant de soucis financiers. Vraisemblablement, ce Lumpenprolétariat si malmené par le théoricien de la révolution prolétarienne fut d’abord le visage et l’exorcisme de ses propres angoisses.

Pourtant, Ludwig Feuerbach, le principal maître à penser de Marx, avait postulé que « seul l’être nécessiteux est l’être nécessaire ». Marx développa lui-même cette approche dans ses écrits de jeunesse, tels que les Manuscrits de 1844 : « La pauvreté est le lien passif qui fait ressentir aux hommes la richesse la plus grande : l’autre homme ». Après le parcours des différentes conjonctures de Lumpenprolétariat à partir de l’idée d’un ordre particulier qui soit l’ordre du scandale universel et animateur de la révolution, voici le premier conflit interne au raisonnement marxien : pour Marx, l’autre homme, c’est qui encore ?

Ouvrant sa Critique de la philosophie du droit de Hegel par la prédiction d’une révolution allemande qui devrait laisser subsister les piliers de la maison, on sait quel agent était désigné par Marx : seul le prolétariat pourra émanciper la société en luttant pour son intérêt individuel puisque lui seul incarne la servitude universelle. En sa condition se résumaient le crime et le scandale. Ainsi fut créée une classe miroir des souffrances universelles, sur laquelle reposent désormais toutes les aspirations humaines à la raison, à la justice, à la perfectibilité : « Cette classe libère la société tout entière, mais à la seule condition que la société tout entière se trouve dans la situation de cette classe » « Il faut, continue Marx plus loin, qu’un ordre particulier soit l’ordre du scandale universel, l’incarnation de la servitude universelle ; il faut qu’une sphère particulière de la société représente le crime notoire de toute la société, de sorte que de se libérer de cette sphère apparaisse comme l’universelle libération de soi. »16

Marx ne songea qu’à la solidarité au sein d’une même classe des semblables, excluant de sa conception du prolétariat toute une population déshéritée et rejetée dans un Lumpenprolétariat à connotation résolument péjorative. Cette population semblait aussitôt dépourvue de tout potentiel révolutionnaire et de toute prise historique, ses conditions d’existence dégradées la prédisposant au contraire à se laisser circonvenir par la Réaction pour accomplir ses basses œuvres. Même l’observation historique ne pouvait troubler son schéma bipolaire de deux classes homogènes : Lorsque, dans le 18 Brumaire, Marx a du constater et admettre, du point de vue pragmatique, le rôle moteur joué par l’hétérogénéité des classes pour le succès du coup d’Etat de Louis Bonaparte, il persistera sur le plan théorique dans l’idée que seule une classe homogène pouvait jouer un rôle dans l’histoire, restaurant ensuite l’homogénéité de façade requise par sa construction sociologique en focalisant toute l’hétérogénéité sociale dans la figure du Lumpenprolétariat. Là où le travail et le capital étaient supposés unifier et le prolétariat et la bourgeoisie, et les façonner pour une mission historique, le Lumpenprolétariat restait hétéroclite par sa constitution, par son essence même, stationnant sur le bord de l’histoire sans rien lui apporter, sans y participer, jouet ou mercenaire ôté de volonté propre et entièrement délimité par le conflit de deux autres classes. Que Marx l’ait mesuré ou non, contrairement à son analyse historique qui reconnaît au Lumpenprolétariat une utilité, ce même Lumpenprolétariat en tant que conception sociologique était de prime abord un outil d’exclusion, transposant sur le plan même de la théorie sociologique l’isolement, le mépris social, l’enfermement des plus pauvres. Franz Fanon revient, cent ans plus tard, sur la responsabilité sociétale jusqu’alors niée : c’est précisément du Lumpenprolétariat qu’il fallait attendre la rébellion contre l’ordre établi en tant que représentant unique de la société générale, car, ayant à supporter les pires conditions de vie, qu’a-t-il à perdre17 ? Il est frappant de constater que Marx s’est trompé sur l’hétérogénéité originelle de la classe révolutionnaire et qu’il n’a jamais attribué au Lumpenprolétariat le rôle politique qu’il devrait jouer.

Georges Bataille : de l’hétérogénéité à l’homogénéité.

C’était oublier que l’homogénéité se construit. Georges Bataille – le philosophe étudiant les rapports entre l’individu et la collectivité, inspiré en ceci de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave, le sociologue de la notion de l’hétérologie développée au sein du Collège de Sociologie – nous le fait ici découvrir. Pour aller toute de suite à l’essentiel, je retiens notamment l’article de Bataille dans La Critique sociale sur « La structure psychologique du fascisme », publié au mois de novembre 1933, qui fait écho à une pensée stratégique du processus de composition stratégique des forces à la disposition d’une révolution libératrice, ce que démontraient les sociétés militaires ayant de longue date exploré les mystérieuses alchimies de l’amalgame, imitées ensuite par les fascismes qui emprunteront leurs méthodes. Analysant le phénomène, Georges Bataille a démontré comment le passage à l’action pouvait produire l’homogénéité à partir d’une hétérogénéité « supposée chargée d’une force inconnue et dangereuse » et comprenant « les nombreux éléments sociaux que la partie homogène est impuissante à assimiler ». Qu’on observe la Légion étrangère et la transformation de ses éléments informes et disparates en organisation intérieurement homogène par l’action et la mission partagées, la soumission de tous à un ordre identique, le dressage. Ainsi, « le mode de l’hétérogénéité subit explicitement une altération profonde, achevant de réaliser l’homogénéité intense sans que l’hétérogénéité fondamentale décroisse »18

Du Lumpenprolétariat au Quart Monde : ouvrir les voies de l’hétérogénéité à l’homogénéité sans pourtant réprimer ni faire disparaître la première et inventer d’autres formes de passage à l’action que militaire, c’est à quoi s’emploiera d’abord Joseph Wresinski et les alliés qui l’ont rejoint. Que l’on ne se trompe pas sur le sens du processus décrit : il est démocratique et non pas messianique comme chez Marx, car il ne s’agissait pas pour Wresinski de bricoler quelque idéologie quart-mondiste susceptible de relayer l’utopisme du tiers-mondisme épuisé. Pas d’achèvement de l’histoire, pas de Grand Soir, d’avant-garde ni de longue marche solitaire : l’idéal et la promesse démocratique seulement pris au sérieux, et la certitude que la société dans son ensemble ne pouvait que gagner en justice, en beauté, en inventivité, en connaissance de soi-même en s’ouvrant aux valeurs, à la sagesse particulière des plus pauvres, et que chacun de ses membres trouverait également son compte en les aidant dans leur conquête des droits de l’Homme.

Le Quatrième Ordre, le Lumpenprolétariat et le Quart Monde me rappellent le destin de La contrebasse chez Patrick Süskind19. Dans cette pièce, l’orchestre symbolise par sa stricte hiérarchie la société humaine elle-même hiérarchisée. La contrebasse, le Quasimodo de l’orchestre, plus embarras que véritable instrument, handicap social et humain et perpétuelle marque d’infamie, trouve sa place tout au fond de l’orchestre. Mais elle possède une puissance de choc dont aucun compositeur ne peut se passer et à laquelle aucun auditeur attentif n’échappe. Cela nous conduit enfin au théorème de la « misère de position » dont parle Pierre Bourdieu. Prenant le sort du Lumpenprolétariat pour avertissement, la mission historique du Quart Monde est désormais de donner une représentation juste du cosmos social et de rappeler que tout au bas de l’échelle sociale perdure une classe sociale méconnue pour sa puissance de choc capable d'humaniser l’humanité.

1Manifeste du Parti communiste, p. 86-87, K. Marx.
2cf. Le Quart Monde. Un peuple en marche, Igloos, n°112, 1981 pp. 3-4.
3Dufourny de Villiers et les plus pauvres (1736-1796) : Vaincre l’exclusion au nom des Droits de l’Homme, M. Paturle-Grenot, (thèse de doctorat, Paris
4En sciences politique à l’Université libre de Bruxelles sous la direction de Jean-Marc Ferry.
5Démocratie et pauvreté : du quatrième ordre au quart monde, R. Remond et al.,Albin Michel, 1991.
6Marx, Engels et la question de l’individu, H. Touboul, PUF, 2004, p. 8.
7La théorie de la révolution chez le jeune Marx, M. Löwy, Ed. sociales, 1997, p. 11.
8Notes sur le prolétariat et sa mission, in : Marx critique du marxisme, M. Rubel, Payot & Rivages 2000, p. 285.
9Philosophie et révolution. De Kant à Marx, E. Kouvélakis, PUF, 2003.
10Gens pauvres, pauvres gens dans la France du 19e siècle, A. Gueslin, Aubier, 1998.
11H. Touboul, op. cit., p. 10
12Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, K. Marx, pp. 488-489.
13Scènes de la vie de bohème, H. Murger (M. Levy, 1886), Gallimard, 1988.
14Scènes de la vie parisienne, notamment « Un prince de la bohème », H. de Balzac, Gallimard, 1984 p. 232-233.
15Le Capital, K.Marx, ŒC IV, Pléiade, 1161-1162.
16Critique de la philosophie de droit de Hegel, K.Marx, ŒC III, La Pléiade, 1982, pp. 392-396.
17Les damnés de la terre, F. Fanon, La Découverte/Poche, 2002.
18La structure psychologique du fascisme, G. Bataille, ŒC, I, p. 346 et 358-359.
19La contrebasse, P. Süskind, trad, B. Lortholary, LGF, 1992.
1Manifeste du Parti communiste, p. 86-87, K. Marx.
2cf. Le Quart Monde. Un peuple en marche, Igloos, n°112, 1981 pp. 3-4.
3Dufourny de Villiers et les plus pauvres (1736-1796) : Vaincre l’exclusion au nom des Droits de l’Homme, M. Paturle-Grenot, (thèse de doctorat, Paris VII, 2001, à paraître)
4En sciences politique à l’Université libre de Bruxelles sous la direction de Jean-Marc Ferry.
5Démocratie et pauvreté : du quatrième ordre au quart monde, R. Remond et al.,Albin Michel, 1991.
6Marx, Engels et la question de l’individu, H. Touboul, PUF, 2004, p. 8.
7La théorie de la révolution chez le jeune Marx, M. Löwy, Ed. sociales, 1997, p. 11.
8Notes sur le prolétariat et sa mission, in : Marx critique du marxisme, M. Rubel, Payot & Rivages 2000, p. 285.
9Philosophie et révolution. De Kant à Marx, E. Kouvélakis, PUF, 2003.
10Gens pauvres, pauvres gens dans la France du 19e siècle, A. Gueslin, Aubier, 1998.
11H. Touboul, op. cit., p. 10
12Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, K. Marx, pp. 488-489.
13Scènes de la vie de bohème, H. Murger (M. Levy, 1886), Gallimard, 1988.
14Scènes de la vie parisienne, notamment « Un prince de la bohème », H. de Balzac, Gallimard, 1984 p. 232-233.
15Le Capital, K.Marx, ŒC IV, Pléiade, 1161-1162.
16Critique de la philosophie de droit de Hegel, K.Marx, ŒC III, La Pléiade, 1982, pp. 392-396.
17Les damnés de la terre, F. Fanon, La Découverte/Poche, 2002.
18La structure psychologique du fascisme, G. Bataille, ŒC, I, p. 346 et 358-359.
19La contrebasse, P. Süskind, trad, B. Lortholary, LGF, 1992.

Tobias Teuscher

Diplômé en sciences politiques (Berlin, Strasbourg, Bruxelles) Tobias Teuscher, allemand, est conseiller particulier de la présidente de la commission de l’égalité des chances du Parlement européen. Il est collaborateur scientifique au Centre de théorie politique de l’Université libre de Bruxelles.

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