Immigrées des zones de l’Altiplano au Pérou

Ana H.

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Ana H., « Immigrées des zones de l’Altiplano au Pérou », Revue Quart Monde [En ligne], 212 | 2009/4, mis en ligne le 05 mai 2010, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/4417

La ville d’Ilo, située au sud du Pérou, compte plus de soixante-dix mille habitants dont la majorité est des immigrés des zones de l'Altiplano (Bolivie). La situation économique au Pérou et à Ilo en particulier, est très difficile.

Index de mots-clés

Migrations, Esclavage

Index géographique

Pérou

« A Ilo nous sommes environ quatre mille domestiques, la majorité sont des immigrées et n'ont aucun métier. Aller travailler dans une maison nous permet seulement de survivre parce que le salaire est bas, ils nous paient en moyenne entre cinquante et soixante-dix euros pour plus de trois cent vingt heures de travail par mois. Ce qui aggrave notre situation est que nous n'avons pas un jour de repos fixe par semaine, nous n'avons pas de bénéfices sociaux et à l'intérieur de la maison nous sommes maltraitées, exploitées, marginalisées et violées sexuellement par nos employeurs et leurs enfants. Depuis 2004, une loi nous donne quelques avantages mais personne ne la respecte et nos droits sont violés. » Ana H.

Alicia, 21 ans : « J'ai vécu comme une esclave, ils me faisaient tout faire à la maison, je n'avais pas de jour de repos, je ne sortais pas de la maison, je vivais enfermée ainsi pendant plus de six ans parce que la dame m'avait amenée de la sierra quand j'avais douze ans. Ils me disaient que je devais apprendre à ne pas être paresseuse, ils ont abusé de moi et ne m'ont rien payé. »

Elizabeth, 27 ans, nous parle du Ceprodeth : « Un espace de rencontre, d'amitié, de partage avec les autres compagnes, un espace pour nous éduquer sur nos droits, où nous apprenons à être des personnes et des êtres sociaux. »

«Chaque dimanche nous nous retrouvons entre nous toutes, nous avons appris à tricoter, coudre, broder, des choses manuelles, à faire des chocolats, encore beaucoup plus d'autres choses, nous nous sentons utiles. » Maria, 21 ans.

«Quand nous connaissons une amie qui est exploitée et maltraitée, nous nous passons le mot pour l'amener vers Ceprodeth, pour connaître ses droits et lui faire savoir que nous allons la soutenir parce que les patrons abusent d'elle. » Jesusa, 24 ans.

Ana, Elizabeth, Jesusa, Maria et Alicia ont découvert là un nouveau sens à leur vie, elles ont appris l'amitié, la confiance, à recevoir de la tendresse de sœurs, elles ont appris à défendre leurs droits, elles se sont responsabilisées pour être de meilleures personnes et citoyennes et elles s'engagent à défendre les droits d'autres femmes qui, comme elles, sont des domestiques.

Ana H.

D’après un extrait de la Lettre aux Amis du Monde, octobre 2009, N° 72, p.2, site : www.atd-quartmonde.org rubrique : Échanges d’expériences dans le monde, email : forum.permanent@atd-quartmonde.org

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