Tizza Covi et Tainer Frimmel, La Pivellina

Film italien, 2009

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 59

Référence(s) :

Tizza Covi et Tainer Frimmel, La Pivellina, Italie, 2009, avec Patrick Gérardi, Walter Saabel, Tairo Caroli, Asia Crippa.

Citer cet article

Référence papier

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Tizza Covi et Tainer Frimmel, La Pivellina », Revue Quart Monde, 220 | 2011/4, 59.

Référence électronique

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Tizza Covi et Tainer Frimmel, La Pivellina », Revue Quart Monde [En ligne], 220 | 2011/4, mis en ligne le 01 mai 2012, consulté le 24 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/5242

Un bol d’air frais que ce quasi reportage.

La Pivellina (en français la petite débutante) introduit dans le monde de ceux qui vivent en roulotte, avec peu de moyens, dans la boue, avec le sentiment de n’être pas acceptés par la société environnante. Leurs animaux sont tout pour eux. Compagnons de travail, amis. Les chiens, les lionceaux, les chèvres les occupent. Et sont précieux. On l’a compris, les habitants de ces roulottes sont les gens d’un tout petit cirque. La pauvreté, ici, est filmée de près, de très près mais sans misérabilisme, sans, non plus, un apitoiement de mauvais aloi. C’est ainsi qu’ils vivent, point !

Tizza Covi et Rainer Frimmel racontent une histoire toute simple, mais d’un genre inconnu. Les enlèvements d’enfants, on connaît, mais les récupérations d’enfants, c’est moins courant. Une enfant de deux ans, Asia, est, à la tombée de la nuit, abandonnée sur une balançoire par sa mère. Tante Patti, du cirque, qui est partie à la recherche de son chien Ercole, trouve Asia qui ne pleure même pas. Elle attend sagement sa maman. Tante Patti n’hésite pas une seconde. Après avoir cherché vainement la maman dans la périphérie de la balançoire, elle ramène Asia à la roulotte. Walter, le mari de Patti, a beau savoir et dire que ce « sauvetage » sera source de problèmes et d’accusations, rien n’y fait. Tante Patti persiste. C’est la course pour trouver du lait, des couches, etc. L’homme va en cachette à la gendarmerie pour dire les choses et… trouve porte de bois car il ne sait pas lire le panneau indiquant qu’il faut contourner le bâtiment pour entrer. Tairo, un jeune garçon de la troupe, lui aussi abandonné, est mis à contribution pour garder l’enfant. De nombreuses scènes de la vraie vie sont d’une grande veine comique. Tante Patti a trouvé un mot de la maman dans le manteau d’Asia, une photo déchirée d’où la mère a expulsé le père. Elle est persuadée que cette femme ayant des soucis lui a confié sa fillette parce qu’« elle nous connaissait, elle savait qu’on s’en occuperait bien ! » Persuadée aussi qu’elle va revenir … puisqu’elle l’a dit dans le mot … et puisqu’un jour elle l’écrit … Le film n’est que tendresse. Il parle de fraternité entre les humains. C’est en quelque sorte l’envers de ce qu’on a raconté si souvent sur les bohémiens. Asia est craquante. Walter est un très gentil macho ! Et avec Tairo, ils forment une famille unie. Chacun joue son propre rôle de façon très sensible dans une fiction qui n’est pas loin du réel. Le budget du film est un petit budget.

On ressort de ce film revigoré, en ayant envie de le revoir. On voudrait qu’il sorte en DVD.

Le film a eu le Prix des Cinémas européens au festival de Cannes 2009. Il est soutenu par ISF, association qui rassemble les salles indépendantes non subventionnées. En allant le voir, outre la joie de voir cette humanité qui prend le temps de vivre, on participe à une action militante.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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