Luttes et souffrances

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « Luttes et souffrances », Revue Quart Monde [Online], 224 | 2012/4, Online since 01 October 2013, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/5471

Argentine, la victoire d’un village

Le 3 juin Loncopué entrait dans l’Histoire en devenant le premier village argentin à interdire un mégaprojet minier par un vote dont le verdict est souverain. Un combat qui a commencé en 2007. Loncopué est un village d’à peine plus de 7 000 habitants dans la province de Neuquén, au sud de l’Argentine, en Patagonie. Ce village aurait dû rester inconnu mais voilà que ses habitants, alliés aux populations et aux communautés mapuches voisines, ont réussi à expulser non pas une mais deux multinationales minières des environs. Mais ce qui fait que Loncopué est différent des autres expériences similaires de lutte contre les mines de métaux à ciel ouvert en Argentine, c’est que depuis le 3 juin 2012 il est le premier village qui a réussi à écarter le mégaprojet minier par un référendum souverain. Pour que le vote soit validé, il fallait que plus de 50 % des inscrits votent. Ni les affiches disant « Ne te laisse pas berner, ne vote pas », ni les patrouilles menaçantes du parti au pouvoir dans la province n’ont empêché que la journée soit une fête. 72 % des inscrits ont voté et 82 % se sont exprimés en faveur de l’ordonnance qui interdit les mégaprojets miniers sur le territoire municipal.

Ce n’est cependant pas la première victoire de Loncopué contre les mégaprojets d’exploitation minière, mais la troisième. (…)

Aux difficultés s’ajoutait la complicité du gouvernement de la province. (…) Cependant, la coordination de toutes les assemblées des villages et des communautés affectées et, surtout, l’union entre les habitants et les Mapuches, ont frustré les plans de l’entreprise minière.

Le 28 septembre 2009, le tribunal allait se prononcer sur la requête. (…) Devant l’évidence des irrégularités, le tribunal avait décidé de geler le projet jusqu’à la tenue d’un autre procès devant déterminer si la vente avait été légale. Trois ans plus tard, le référendum du 3 juin rend définitive la victoire de Loncopué, Campana Mahuida et Mellao Morales contre les mégaprojets miniers. (Web : Dial, 12/09/12 repris de Diagonal, 05/07/12)

Arménie, des enfants placés par leurs parents

Les aides sociales ne réussissent pas à pourvoir de la sécurité pour toutes les familles vulnérables a déclaré un fonctionnaire de l’ONU. Les familles arméniennes avec quatre enfants ou plus sont statistiquement les familles ayant les revenus les plus faibles. Avec beaucoup d’hommes forcés de travailler à l’étranger, le fardeau du soutien de la famille tombe d’une façon disproportionnée sur les femmes. Et bien qu’elles soient souvent les soutiens uniques des familles, elles sont plus nombreuses à être au chômage que les hommes – 70 % des chômeurs sont des femmes. (…)

Emil Sahakyan, un porte-parole du bureau arménien de l’UNICEF, dit que les aides sont un revenu important de ressources pour beaucoup de familles. « À présent, seulement 67 % des familles dans l’extrême pauvreté et 26 % des familles pauvres reçoivent des aides sur une base régulière. C’est toujours au-dessous des niveaux de 2008 » a-t-il dit. Emil Sahakyan affirme qu’il coûterait au gouvernement l’équivalent de juste 0,1 % du PIB de l’Arménie pour s’assurer que tous les ménages classés comme « extrêmement pauvres » reçoivent une aide. Quelques familles sont si pauvres qu’elles placent leurs enfants dans une des huit pensions gérées par le ministère du Travail pour les enfants économiquement vulnérables. Ces maisons accueillent environ 800 enfants dont les parents ne peuvent pas se permettre de s’occuper d’eux. Le ministère a aussi deux centres d’aide pouvant recevoir 190 enfants. (Web : Nouvelles d’Arménie, 03/08/12)

République démocratique du Congo, l’eau potable plus chère que la bière

A Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental situé au centre de la RDC, la bière est moins chère que l’eau de boisson. (…) Une bouteille d’un litre et demi d’eau coûte 3 500 Fc (4 $), plus cher que deux bières de 73 cl à 1 500 Fc l’une (1,75 $). Pour certains adeptes de cette boisson alcoolisée, le choix est vite fait quoi qu’il en coûte à leur santé : autant boire de la bière. En effet, seules les familles nanties peuvent se permettre d’acheter des bouteilles d’eau fabriquées localement pour assouvir leur soif. Beaucoup d’autres ne le peuvent pas alors que l’eau est une denrée rare dans cette ville de plus de 3 millions d’habitants où plusieurs communes ne sont plus desservies par le réseau public depuis 2010.

Faute de trouver l’eau au robinet, les habitants sont obligés d’effectuer de 3 à 5 km pour acheter de l’eau aux stations de vente publiques où le prix varie entre 200 et 500 Fc pour 20 l d’eau et elle n’est pas toujours potable. Ceux qui en ont les moyens se font livrer l’eau de ménage et toilette, ils recourent aux vendeurs ambulants qui ravitaillent quelques coins de la ville pour 700 à 1 200 Fc les 20 litres. (Web : Syfia Grands lacs, 21/09/12)

Kenya, Coupe du monde des sans abris

26 août, Paris. Dans un coin de l’esplanade menant à la tour Eiffel se tient, depuis le 22 et jusqu’au 28 août, la Coupe du monde des sans-abris. (…)

A voir ces sans abris, on ne croirait pas que derrière cette débauche d’énergie se cachent leurs maux. Luka Musoja, 30 ans, l’un des attaquants, explique pourquoi lui et les siens se donnent ainsi : « On vient de familles défavorisées. On est à la rue, on dort dans des décharges. Alors on joue avec passion. On y met tout notre cœur. » Comme tous les participants, Luka connaît la rue. Il vit dans le tristement célèbre bidonville de Dandora, à Nairobi : « Je vis dans LA décharge. Dans notre pays, il y a cette immense décharge, où tous les déchets sont déposés. Plein d’enfants de la rue y vivent. La vie y est dure. Tu dois te battre pour manger, et si tu n’as pas de chance, tu dors le ventre vide. Et parfois, tu meurs… Tu meurs de faim, de maladie, tu peux aussi te faire tuer… Il y a tant de violence… C’est ça, la survie. » (…)

Cet homme aux dreadlocks est le manager de l’équipe et de la Kenya Homeless Street Soccer Association (KHSSA). Son nom : Johnny Mwangi. La cinquantaine bien sonnée, il fait office de sage parmi ses joueurs. Il suit certains d’entre eux depuis longtemps. Il nous livre sa philosophie qu’il partage avec sa bande, venue des coins les plus pauvres du Kenya : « Dans la vie, il y a trois choses essentielles : un toit pour s’abriter, être en bonne santé, et combattre la pauvreté. La misère, c’est le démon de l’humanité. Même ici, à Paris. » Son visage s’illumine quand il voit ses joueurs encourager l’équipe féminine d’Ouganda. « Cette Coupe du monde montre aux jeunes qu’ils n’ont pas échoué dans leur vie. Ils savent maintenant qu’ils peuvent l’améliorer. »

Luka rejoint son mentor sur ce point. L’enfant de Dandora a retrouvé l’étincelle grâce au football. Pourtant, jamais il n’aurait imaginé un jour pouvoir voyager et sortir de la décharge : « Cette Coupe du monde me donne de l’espoir. Ici, j’ai rencontré plein de gens, je me suis fait des amis venus de différents pays. Je suis quelqu’un de nouveau depuis que j’ai commencé à m’entraîner pour l’occasion. » (Web : Slate Afrique, 31/08/12)

Liban, Soutien aux familles pauvres

Le président de la République Michel Sleiman a indiqué hier que le programme de soutien aux ménages les plus pauvres au Liban est une lueur d’espoir pour une société menacée par la misère. (…) Le président a également déclaré que la redistribution des richesses est un devoir qui devrait transcender les obstacles religieux et communautaires, en vue d’assurer la sécurité, la souveraineté et la stabilité du pays.

Les indicateurs du niveau de vie au Liban, durant les trente années précédentes, montrent que 28 % des Libanais appartiennent à la classe sociale défavorisée ; 8 % d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté. Tandis que 20 % des Libanais consomment la moitié de la demande globale et 60 % des citoyens vivent dans des quartiers pauvres. De plus, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’année 2012 indique que 300 000 personnes au Liban ne peuvent pas acquérir leurs besoins alimentaires. (…)

Le programme de soutien aux ménages les plus pauvres sur fond de marasme socio-économique représente donc un espoir très attendu. (Web : L’Orient-le Jour, 08/08/12)

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