Des cris d’alarme

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « Des cris d’alarme », Revue Quart Monde [Online], 225 | 2013/1, Online since 09 June 2020, connection on 24 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/5537

Ce n’est pas facile pour l’Arabie saoudite de reconnaître que certains de ses citoyens sont pauvres. Le cliché, c’est celui du Saoudien qui jette son argent par la fenêtre pour assouvir tous ses désirs de consommation. On a du mal à imaginer qu’il y en a qui se limitent au strict nécessaire pour manger et boire, les trois quarts de leur revenu étant absorbés par le loyer. Et cela alors que l’Arabie est un pays extrêmement riche, qui fait de généreuses donations financières et qui accueille des immigrés presque sans limites. (Les travailleurs immigrés représentent environ un tiers de la population.)

Ces dernières années, plusieurs petits films diffusés sur Internet ont porté le sujet sur la place publique. On y voit des familles qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, des hommes qui ne gagnent pas plus de 50 dollars par mois… Personne n’a de chiffres précis, mais les autorités affirment que 800 000 familles bénéficient des programmes sociaux. Sachant qu’une famille saoudienne se compose en moyenne de 6 à 8 personnes et que certaines des familles bénéficiaires comptent jusqu’à 15 membres, on peut estimer le nombre total de pauvres à plus de 6 millions, sur un total d’environ 20 millions de Saoudiens.

L’économie saoudienne souffre de l’arrimage de la monnaie nationale - le riyal - au dollar américain. Cet arrimage a provoqué une inflation considérable et donc un recul du pouvoir d’achat, malgré les subventions publiques à nombre de produits de première nécessité. À cela s’ajoute la crise du logement. Entre 70 et 90 % des Saoudiens ne sont pas propriétaires de leur logement et ne peuvent que rêver de posséder un jour leur propre maison. La faute en incombe à l’envolée des prix des terrains constructibles. (Web : As-Safir, 12/11/1)

Indonésie : une moitié de pauvres

H. S. Dillon, conseiller à la présidence, estime que l’Indonésie compte 120 millions de pauvres, non pas 30 millions, ainsi que l’affirme l’administration.

Dillon, un Indonésien d’origine indienne (H. S. pour Harbrinderjit Singh) est un esprit indépendant. Au cours d’une longue carrière politique, il a souvent dénoncé la corruption officielle. Aujourd’hui âgé de 67 ans et conseiller du chef de l’État en charge de « l’allègement de la pauvreté », il contredit l’administration. L’Indonésie, a-t-il récemment déclaré lors d’un forum à Jakarta, compte 120 millions de gens dont le revenu par tête quotidien est de 2 dollars ou moins. Soit la moitié de la population du vaste archipel. […]

Dillon a été plus loin en affirmant que la Malaisie rivale et voisine fait mieux. Pourquoi les Indonésiens sont-ils si nombreux à être pauvres ? « Parce qu’une chance ne leur pas été donnée. Ils n’ont pas les moyens de s’instruire », a expliqué Dillon, selon Radio Australia. En Malaisie, a-t-il ajouté, « le gouvernement prend soin de la population avec plus d’efficacité. L’élite, en Indonésie, s’en moque. Vous pouvez me citer même si je suis un envoyé spécial du président ». (Web : Asie Info, 03/11/12)

Israël : l’urgence : la pauvreté

L’ONG Latet relève en effet l’augmentation des inégalités, de la faim, l’aggravation de la fracture sociale mais surtout, une importante augmentation du phénomène de mendicité chez les enfants […] La moitié des enfants vivant dans des familles en difficultés, encore mineurs, sont obligés de travailler. Cela signifie qu’un enfant sur cinq en Israël doit quitter l’école pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille.

Inévitablement, ces difficultés économiques ont un impact négatif sur l’éducation des enfants. Ainsi un cinquième des familles dans le besoin ont-elles déclaré que, pour être en mesure d’acheter des produits alimentaires de base, elles ont dû renoncer à leur acheter fournitures et livres scolaires.

Elles doivent également renoncer à les faire participer à des activités extrascolaires (69 % des enfants) […]

Pour 69 % des personnes interrogées, le problème le plus urgent à traiter en Israël est le traitement de la pauvreté et les inégalités sociales, suivies de 61 % pour l’éducation et seulement 44 % pour qui la sécurité nationale est la priorité.

D’un autre côté, le ministre des Finances Youval Steinitz, était ravi d’annoncer ce mardi à la conférence annuelle des assureurs et de l’industrie des pensions, l’Adif, à Ramat Gan, que l’économie israélienne, selon toutes les estimations, allait croître plus vite en 2013 et 2014 que son ministère ne l’avait prévu jusqu’à présent. Une croissance qui, pour l’heure, ne semble nullement profiter à ceux qui en auraient le plus besoin. (Web : Israel Info, 20/12/12)

Italie, la pauvreté n’est pas un délit

L’association Avvocato di strada (« Avocat dans la rue ») a obtenu l’annulation des sanctions administratives prises à l’encontre d’un groupe de personnes dormant dans la rue.

En novembre 2012, un groupe d’une vingtaine de personnes sans-abri, Italiens et étrangers, jeunes et vieux, avaient décidé de camper en face du dortoir municipal Beltrame à Bologne […] Une action symbolique principalement dictée par le désespoir et le manque de lieu où aller. Au bout de quelques jours, la police leur avait infligé une amende de 200 € pour occupation du domaine public. « Ces amendes - dit Antonio Mumolo, président de l’association- sont une contradiction : ceux qui vivent dans la rue sont condamnés à une amende pour vagabondage parce qu’ils dorment dans la gare sans avoir un billet en poche. Les amendes ne peuvent bien sûr pas être payées et les dettes augmentent […] Rien ne se passe tant qu’on est à la rue, mais si jamais ne on retrouve du travail ou un logement, alors il faut payer les dettes. Parfois, de peur d’avoir à faire face aux créanciers, des sans-abri préfèrent rester à la marge […] Nous avons demandé l’annulation de ces amendes en légitime défense, parce que la pauvreté ne doit pas être punie. Frapper d’une amende une personne qui dort dans la rue ne l’aide pas à sortir de sa condition marginale […] Notre requête a bien été accueillie par la ville, qui va annuler toutes les sanctions […] » (Web : www.avvocatodistrada.it, 11/12)

Maroc, l’inquiétude des pauvres

La tuberculose est l’une des maladies les plus meurtrières au monde. Classée en deuxième position, juste après le VIH sida, elle a été contractée par 8,7 millions de personnes en 2011 et 1,4 millions en sont mortes. Au Maroc, le nombre de cas détecté est de 28 000 par an. On la surnomme « la maladie du pauvre » […]

Les traitements existent et la maladie peut être soignée. Il existe des pays, comme le Cambodge (-45 %), où la prévalence de la tuberculose a énormément chuté. Il y en a d’autres où le combat contre la maladie se fait de manière beaucoup plus lente à l’instar du Maroc avec une chute de 2 à 3 % chaque année. (Web : Afrik.com, 22 /12/2002)

Tunisie, une approche participative

Des experts, responsables et représentants de la société civile tunisiens et étrangers ont examiné, mardi, à Carthage l’approche en matière de développement local et rural dans la lutte contre la pauvreté. Il s’agit d’un des principaux thèmes de réflexion du forum ouvert sur la révolution contre la pauvreté (19-21 novembre 2012) organisé à Carthage à l’initiative de la Présidence de la République et de l’organisation des Nations unies. Selon Peter Marchetti (Guatemala), il est impératif d’adopter une nouvelle approche en matière de développement agricole local fondée sur trois facteurs, dont l’élaboration d’un système d’économie solidaire et une dynamique écologique et biologique durables qui intègrent un système de lutte contre la pauvreté. Il a aussi recommandé d’associer les catégories défavorisées dans la réflexion autour de ces programmes sur la base d’une approche participative permettant de réduire les écarts sociaux et d’adapter les programmes de développement en tenant compte des exigences des communautés d’agriculteurs et de la dimension genre social. (Web : Tunivisions.net, 21/11/12)

FAO, l’insécurité alimentaire

La croissance agricole est un outil particulièrement efficace de lutte contre la faim et la malnutrition. La plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême sont tributaires de l’agriculture et d’activités connexes et en tirent une partie importante de leurs moyens d’existence. La croissance agricole mobilisant les petits exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil d’autant plus efficace de lutte contre l’extrême pauvreté et la faim, qu’elle permettra d’accroître les revenus du travail et de créer des emplois pour les pauvres. (Web : fao.org/publications, Rapport L’insécurité alimentaire dans le monde 2012)

Ceux qu’on n’entend pas

Un webdoc sur la participation citoyenne des plus pauvres. (http://www.unheard-voices.org/)

Face aux grandes questions de notre temps : violence, écologie, mondialisation… les plus pauvres possèdent une expérience qui leur est propre. Il est temps de la reconnaître et de la prendre en compte. À travers une série de reportages, découvrez comment ces personnes, rejointes par d’autres venues de toute la société, participent déjà à la préparation d’un monde différent où tout le monde a sa place.

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