Les pianos de Milfontes

Rui A

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Rui A, « Les pianos de Milfontes », Revue Quart Monde [En ligne], 225 | 2013/1, mis en ligne le 05 août 2013, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/5562

Index géographique

Portugal

Dans une région isolée du Portugal où la population vit du travail saisonnier et où les activités culturelles et les loisirs sont rares, la Fabrique des Arts Diverta crée des ponts entre les gens, en promouvant les capacités de chacun et en créant des dynamiques sociales qui vont bien au-delà d'un passe-temps. Comme les pianos1.

Au départ, Diverta n'avait qu'un piano emprunté. Comme il en fallait un autre, la professeure Karin s'est souvenue que dans son pays natal, la Suède, beaucoup de gens voulaient se débarrasser de leur instrument avant d'en acheter un meilleur. Diverta a contacté une entreprise de transport de pianos suédoise et a obtenu onze pianos à un prix bien plus bas qu'au Portugal, avec, en prime quatre pianos offerts. Bon, le plus couteux était le transport mais, après avoir frappé à bien des portes on a réussi à le financer. Et la musique a de plus en plus d'amateurs à Milfontes !

Le principe de Diverta est de créer des espaces où tout le monde puisse donner, échanger et recevoir. Son siège est un Centre où chacun peut mettre en pratique les idées qu'il veut partager. En plus du chœur et d'activités musicales, il y a des cours de dessin et de peinture, d'anglais et de portugais langue étrangère (pour les immigrants), de restauration de meubles, des consultations de psychologie, des sessions de relaxation pour les enfants, des « cafés de poésie » et bien d'autres choses.

Diverta sait bien que, par la connaissance des personnes et la convivialité, on découvre leurs besoins et leurs compétences. L'idée des projets mis en œuvre vient tantôt des animateurs tantôt des participants.

Un des principaux projets réalisés c'est la Foire du potager, qui rassemble dans un espace public tous ceux qui veulent échanger ou vendre ce qu'ils cultivent dans leurs potagers et aussi des confitures, des gâteaux secs et même de la bière (tout est artisanal). Ici aussi, le dialogue interculturel apporte de bonnes surprises, mettant côte à côte les gens du pays et ceux qui viennent de pays lointains, permettant l'échange de saveurs et d'expériences de vie. On peut ainsi combattre l'isolement.

En ce moment ce sont les cours d'éducation musicale et de piano qui plaisent beaucoup dans les villes et villages du département, où l'isolement empêche le développement et l'intégration sociale. « Après l'arrivée d'un piano au village, raconte quelqu'un, la population a organisé spontanément une activité musicale hebdomadaire, ‘Soirée autour du piano’. Chacun y contribue avec ses propres talents. Ceux qui apprennent le piano jouent, d'autres chantent, d'autres jouent de l'instrument à cordes traditionnel. Et on fait la fête ! Ce piano a beaucoup contribué à la cohésion sociale et à l'intégration culturelle ».

1 Extrait de la Lettre aux Amis du Monde  N°81, décembre 2012. A consulter sur le site:www.refuserlamisere.org
1 Extrait de la Lettre aux Amis du Monde  N°81, décembre 2012. A consulter sur le site:www.refuserlamisere.org

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