Petits enfants, grands défis

Martine Hosselet-Herbignat

p. 3

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Martine Hosselet-Herbignat, « Petits enfants, grands défis », Revue Quart Monde, 235 | 2015/3, 3.

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Martine Hosselet-Herbignat, « Petits enfants, grands défis », Revue Quart Monde [En ligne], 235 | 2015/3, mis en ligne le 01 février 2016, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6417

Celui qui a été à l’initiative du Mouvement ATD Quart Monde, dès sa création en 1957, a ouvert, dans le bidonville de Noisy-le-Grand, un jardin d’enfants pour les petits enfants afin que leurs mamans puissent souffler, « pour qu’elles soient moins fatiguées ». C’était un acte inattendu de la part d’un prêtre, et dont la justification en surprit plus d’un. C’était cependant un acte réfléchi. Joseph Wresinski, s’opposant fortement aux discours ambiants, développait alors une pensée originale sur le sens de l’enfant, sur le sens d’une naissance en milieu pauvre : « Valeur gardée, la seule peut-être qui permette à l’homme dans la misère de se sauver ». Il n’éludait pas pour autant les questions de la qualité de vie de l’enfant dans sa famille. Il posait à sa façon et modestement la question de l’aide à la parentalité. Il s’agissait, pour beaucoup d’entre eux, de parents ayant eu des difficultés dans leur enfance1.

Dans ce dossier, Catherine Dolto, un demi-siècle plus tard, exprime à son tour les raisons pour lesquelles elle ne croit pas à la fatalité de la misère. Ceux qui se trouvent au creux d’un engrenage qui peut apparaître fatal ont la possibilité, par leurs choix personnels et collectifs, de s’en affranchir. Cependant, rien de magique, mais un travail de terrain quotidien, éclairé par cette conviction profonde.

La parole est ici donnée aux intervenants qui se sont formés au respect et à l’éveil des petits enfants, à la connaissance de leur environnement, par un long compagnonnage avec des familles en grande précarité, en Europe, en Haïti, à Madagascar, en Amérique du Nord.

Des responsables de programmes nationaux et internationaux se mobilisent sur le soutien à la parentalité, la valorisation de la langue maternelle, l’accueil dans les crèches ou les classes maternelles dès deux ans, le suivi médical, les solutions alternatives aux placements, etc.

Des expériences et pratiques alternatives « marchent », comme Loczy, Montessori, qui ont été évaluées sur plusieurs décennies.

Avec force et sagesse, certains des bénéficiaires de ces « aides et programmes ciblés » rappellent cependant que l’homme - le petit d’homme - doit être au centre de mesures toujours guettées par le piège de la technicité, exprimant que « dans l’éducation, chacun a sa part » à jouer : parents, communauté, professionnels, responsables politiques. Le respect du petit enfant et la mobilisation pour son développement fondent en effet un projet de société, que les parents vivant dans l’extrême pauvreté nous rappellent… « Sachant que seul est libre qui use de sa liberté, et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » (extrait de la Constitution suisse).

Bonne lecture.

1 Jean Labbens : « Pour 90 % des foyers du camp et au moins 82,5 % des individus, leur situation actuelle est un héritage », in Jean Labbens, La

1 Jean Labbens : « Pour 90 % des foyers du camp et au moins 82,5 % des individus, leur situation actuelle est un héritage », in Jean Labbens, La condition sous-prolétarienne. L’héritage du passé, Éd. Science et Service, 1965, p. 93.

Martine Hosselet-Herbignat

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