Julie Bertuccelli. La Cour de Babel

Film documentaire, 2014

Martine Hosselet-Herbignat

p. 45

Référence(s) :

La Cour de Babel, documentaire français, Julie Bertuccelli, France, 2014.

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Référence papier

Martine Hosselet-Herbignat, « Julie Bertuccelli. La Cour de Babel », Revue Quart Monde, 240 | 2016/4, 45.

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Martine Hosselet-Herbignat, « Julie Bertuccelli. La Cour de Babel », Revue Quart Monde [En ligne], 240 | 2016/4, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6747

Ils se prénomment Abir, Andromeda, Djenabou, Kessa, Mihajlo, et sont âgés de 11 à 15 ans. Originaires du monde entier, ils n’étaient a priori pas faits pour se rencontrer. Tous font partie d’une classe d’accueil implantée au collège de la Grange-aux-Belles, dans le 10ème arrondissement de Paris, pour les élèves nouvellement arrivés en France. Julie Bertuccelli1 s’est immergée pendant un an dans ce petit théâtre du monde où s’expriment de manière douce-amère les questionnements, les craintes, mais aussi les espoirs d’une vie meilleure de ces ados habités par une formidable énergie. Au fil de l’année, les élèves maîtrisent de mieux en mieux le français, ils s’accrochent et ont une grande envie d’apprendre et de réussir. L’enseignante (la formidable Brigitte Cervoni) n’hésite pas à aborder avec eux des sujets graves comme ceux qui concernent la religion et la laïcité. Ce qui nous donne une conversation animée autour du Coran, de la Bible. L’année se termine par le passage, à la Maison des examens d’Arcueil, du Delf (Diplôme d’études de langue française), un premier diplôme qui sanctionne leur niveau en français. Mais aussi par un voyage à Chartres, où les élèves ont concouru au festival scolaire Ciné clap avec un film sur « La différence », réalisé tout au long de l’année. Ils sont fous de joie lorsqu’ils apprennent qu’ils ont obtenu un prix ! Toujours à bonne distance, la réalisatrice montre les familles uniquement lors de réunions avec l’enseignante. Quelques mots, souvent traduits en français par les enfants, suffisent pour dire les difficultés éprouvées dans leur pays d’origine. Film lumineux en dépit des réalités douloureuses qui constituent les coulisses de la vie de ces ados déracinés : pauvreté, menace d’excision, persécutions... On les sent néanmoins capables de s’inventer malgré tout un avenir - formidablement soutenus par leur passage dans cette classe et les interactions avec cette enseignante exigeante et empathique. Les idées reçues sur la jeunesse et l’intégration sont battues en brèche de manière magistrale, en même temps qu’est rappelée- en creux, par l’exemple - la nécessité d’investir pour ces jeunes dans des moyens pédagogiques et humains ambitieux.

1 Également réalisatrice de Depuis qu'Otar est parti, L'Arbre.

1 Également réalisatrice de Depuis qu'Otar est parti, L'Arbre.

Martine Hosselet-Herbignat

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