Pierre-Yves Guihéneuf, Garantir la concertation

Éd. Charles Léopold Mayer, 2017, 132 p.

Daniel Fayard

p. 63

Référence(s) :

Pierre-Yves Guihéneuf, Garantir la concertation, Éd. Charles Léopold Mayer, 2017, 132 p., 14 €

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Daniel Fayard, « Pierre-Yves Guihéneuf, Garantir la concertation », Revue Quart Monde, 243 | 2017/3, 63.

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Daniel Fayard, « Pierre-Yves Guihéneuf, Garantir la concertation », Revue Quart Monde [En ligne], 243 | 2017/3, mis en ligne le 15 mars 2018, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6943

Les réflexions présentées dans ce livre sont issues d’une démarche collective sous l’égide de l’Institut de la concertation et de la participation citoyenne. À la base, une recherche-action avec une centaine de participants pour repérer les diverses pratiques de concertation déjà mises en œuvre en France pour l’élaboration progressive de l’action publique, dans un certain nombre de domaines (environnement, gestion de l’eau, évolution des sciences et des techniques, politique de la santé, développement industriel, rénovation urbaine, construction d’infrastructures…).

C’est l’occasion de préciser peu à peu en quoi consiste précisément une véritable concertation, à ne pas confondre avec une simple séance publique d’information suivie d’un débat avec la salle. La concertation commence quand on a la volonté de permettre un authentique dialogue entre tous les acteurs ou partenaires concernés par un projet d’aménagement ou de politiques locales (élus, habitants, usagers, responsables administratifs, représentants du monde associatif). L’évolution récente de nouvelles exigences démocratiques a accrédité en effet l’idée de la nécessité du principe de co-construction de la décision publique, le plus en amont possible, pour en asseoir davantage la légitimité, la pertinence au regard de l’intérêt général, et donc la pérennité. Ce qui suppose une libre expression des opinions des diverses parties prenantes et parfois un long chemin à parcourir au-delà des éventuels désaccords et conflits d’intérêts. Or pour qu’il puisse se dérouler de façon sereine et parvenir à une décision acceptable (un compromis à défaut de consensus) ce processus de dialogue nécessite le rôle majeur d’un tiers (animateur, médiateur, garant) qui saura faciliter un climat de confiance mutuelle, faire preuve d’impartialité et de « neutralité active », veiller à la qualité des échanges comme au respect de quelques règles méthodologiques comme l’égal accès aux mêmes informations, transmettre un fidèle compte-rendu des échanges au terme de chaque confrontation, voire s’assurer de la conformité du suivi donné aux résultats de la concertation.

L’auteur développe divers aspects problématiques soulevés par l’ensemble de cette démarche, par exemple les risques de dévoiement, de manipulation, d’inefficacité. Il cerne surtout les qualités et les compétences requises du « garant » et fait valoir la nécessité d’une formation appropriée pour exercer ce nouveau métier. Il s’enquiert en particulier de savoir comment il peut être perçu par les divers participants de la concertation et comment il peut préserver son indépendance pour ne pas manifester de connivence avec certains d’entre eux.

La lecture de cet ouvrage, très facile d’accès, offre par certains côtés des analogies avec les expérimentations pratiquées par le Mouvement ATD Quart Monde dans le cadre du croisement des savoirs, notamment avec le rôle de l’équipe pédagogique pour garantir la concertation, même si l’objectif de cette dernière n’est pas à proprement parler axé sur la recherche d’une décision.

Daniel Fayard

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