Alice Zeniter, L’art de perdre

Éd. Flammarion, 2017, 508 p.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 60

Référence(s) :

Alice Zeniter, L’art de perdre, Éd. Flammarion, 2017, 508 p., 22 €

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Alice Zeniter, L’art de perdre », Revue Quart Monde, 244 | 2017/4, 60.

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Alice Zeniter, L’art de perdre », Revue Quart Monde [En ligne], 244 | 2017/4, mis en ligne le 15 décembre 2017, consulté le 16 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6990

Les questions sur les harkis, les kabyles et la guerre d’Algérie trouvent ici - dans un roman quasi autobiographique - un éclairage remarquable. Naïma est le personnage principal, descendant de troisième génération, en ligne directe, d’un harki prénommé Ali d’origine Kabyle ayant quitté l’Algérie en 1962 pour n’y jamais retourner. Elle ne connaît rien de l’Algérie, ni de l’histoire de ses parents. Son père Hamid est comme muré dans son silence et son refus de parler. C’est autour de la langue et de la transmission que tourne ce roman, d’une façon très juste et profonde. Par un subterfuge romanesque, Naïma va aller en Algérie en mission professionnelle pour la première fois de sa vie, et sans doute pour la dernière fois.

Le livre, qui débute en 1830, se découpe en trois parties, l’Algérie de Papa, la France froide, et Paris est une fête. Il résulte de la rencontre d’une somme de connaissances sur des événements concernant Ali, adolescent pauvre en 1930, et qui s’échelonnent de 1930 à 2017. Alice Zeniter a su utiliser de nombreuses sources historiques. S’y ajoute une qualité d’écriture rare. L’art de perdre se décline suivant plusieurs occurrences : l’art de perdre un pays par l’exil, l’art de perdre la terre pour cause de Révolution agraire, et l’art de perdre sa langue par un trop grand souci de faire en sorte que les enfants s’intègrent facilement dans leur pays d’accueil. Un livre magnifique d’humanité et dont la vertu pourrait bien être de participer à la réconciliation des deux rives de la Méditerranée autour de ces épineux points d’histoire.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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