On a besoin de poèmes dans notre cœur

Monique Tonglet-Vélu

p. 20

References

Bibliographical reference

Monique Tonglet-Vélu, « On a besoin de poèmes dans notre cœur », Revue Quart Monde, 245 | 2018/1, 20.

Electronic reference

Monique Tonglet-Vélu, « On a besoin de poèmes dans notre cœur », Revue Quart Monde [Online], 245 | 2018/1, Online since 01 September 2018, connection on 19 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7153

Le recueil écrit par l’auteure, Journal d’octobre, met en mots et en images les rencontres initiées par elle chaque année à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre. « Faire quelque chose ce jour-là. Et puis le taire. Ou pas. »… « Pour que l’amour, enfin, épouse la justice ».

2014, Bruxelles1.

Faire quelque chose…

Ce 17 octobre, j’ai retrouvé l’adresse de Josiane, que j’ai connue il y a vingt ans, dans un quartier pauvre de la périphérie de Bruxelles, et je décide de lui rendre visite.

Quelle joie de se retrouver après ces années !

Nous parlons du mouvement, elle me dit :

« Le père Joseph nous manque, c’est lui qui nous a réunis, avec toutes les choses, avec le Quart Monde. »

Et puis elle me parle des changements, de l’Église où elle ne va plus.

« C’est plus comme avant, me confie-t-elle. Mais je continue à aller à Wavreumont une fois par an ».

Quarante ans que Josiane y va ! Elle n’a jamais manqué. Elle est la plus ancienne, avec la religieuse qui a initié ces week-ends annuels de prière dans un monastère.

Un week-end de prière, de silence, d’enseignement par les moines.

Josiane m’en parle :

« J’aime bien aller à Wavreumont. La prière des moines, ça donne la paix. On a besoin de poèmes dans notre cœur. »

Le corps usé, Josiane me dit qu’elle ne va plus aux rencontres du Mouvement.

Elle me dit qu’elle a commencé à travailler à douze ans, son frère à huit… dans les charbonnages.

Elle n’est jamais allée à l’école, n’a pas pu apprendre la lecture et l’écriture.

Et puis elle ajoute :

« On a encore une petite vie, Monique, il faut en profiter ! »

Et elle me raconte qu’elle s’occupe d’une petite dame très pauvre de son quartier, qui élève quarante pigeons dans un tout petit appartement.

En la quittant ce jour-là, je repense aux mots du père Joseph :

« Les plus pauvres, experts en fraternité… »

1 Extrait de Journal d’octobre, Éd. Le Chemin, Rixensart, Belgique. Disponible auprès de l’auteure.

1 Extrait de Journal d’octobre, Éd. Le Chemin, Rixensart, Belgique. Disponible auprès de l’auteure.

Monique Tonglet-Vélu

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