Voici un livre qui ouvre peut-être de nouvelles pistes en ce qui concerne l’individualisme, mot et réalité à la mode. D’ordinaire, on accuse joyeusement l’individualisme, c’est-à-dire l’égoïsme et le refus de la solidarité, de secréter, entre autres maux, la pauvreté. L’indifférence des uns entraînerait la misère des autres.

Alain Laurent nous entraîne dans des chemins que l’histoire avait eu tendance à oublier. Il plaide pour un individualisme exigeant, développant la dignité et les droits de l’homme, le goût des responsabilités et des initiatives, tout en dénonçant les risques du « tout collectif », « l’étouffement communautaire », les appartenances qui enchaînent, la convivialité confortable.

Ce livre nous entraîne au cœur de la contradiction dans laquelle sont plongés tous ceux qui veulent la libération de l’homme et tentent d’y participer : la communauté au risque de l’individu, ou l’individu au risque de la communauté. S’il ne nous est pas possible de toujours suivre Alain Laurent dans sa pensée, nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer un renouvellement de la compréhension de la pauvreté à travers une association, certes paradoxale et à contre-courant, à l’individualisme.

La première des solidarités avec les plus démunis, n’est-elle pas de leur permettre d’être libres et aptes à maîtriser et à bâtir la liberté !