Le défi humain à Madagascar

Dossiers et documents de la Revue Quart Monde n°18

L’apparition d’un sous-prolétariat urbain à Madagascar est concomitante avec l’appauvrissement d’une majorité de la population du pays. Quelles sont les meilleures voies pour soutenir ces populations dans leurs efforts pour résister à la misère ? (Étude commandée par la Banque mondiale)

 

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Quand la misère chasse la pauvreté

Le défi urbain, auquel Madagascar est aujourd’hui confronté, résulte de la conjonction de quatre phénomènes : l’accroissement considérable de la population et l’urbanisation, qui vont se poursuivre, l’appauvrissement continu d’une grande partie de la population et le manque flagrant d’investissement dans l’aménagement urbain et les services de base, qu’il importe de stopper.

La Banque mondiale souligne à juste titre que ce nouvel afflux de population vers les villes aura des implications considérables sur leurs conditions de vie, sur les perspectives économiques et la stabilité politique du pays, ce qui justifie de sa part un effort concerté avec d’autres agences des Nations unies et des Organisations non gouvernementales (ONG).

La contribution demandée par la Banque mondiale au Mouvement ATD Quart Monde et à son Institut de recherche consiste d’une part à illustrer les conditions de vie et les aspirations des groupes les plus vulnérables, par une approche participative dans deux lieux de misère à Antananarivo, et d’autre part à tirer de son expérience des leçons sur les meilleures voies pour soutenir ces populations dans leurs efforts pour résister à la misère.

Une bonne compréhension de la condition des populations les plus vulnérables à Madagascar implique de les resituer dans l’histoire récente du pays et dans l’approche internationale de la grande pauvreté au cours des dernières décennies. Ce sera l’objet de cette introduction, qui montrera d’abord que l’apparition d’un sous-prolétariat urbain à Madagascar est concomitante avec l’appauvrissement d’une majorité de la population du pays. La misère moderne tend de plus en plus à chasser la pauvreté conviviale qu’a connue le pays pendant des siècles. La condition spécifique du sous-prolétariat urbain conduit à reconnaître la misère dans laquelle il est plongé comme une violation de l’ensemble des droits de l’homme. La misère, amalgame d’extrême pauvreté et d’exclusion sociale qui porte atteinte à la dignité humaine, doit être détruite, tandis que la pauvreté doit être réduite. L’effort pour réduire la pauvreté et éradiquer la misère ne sera efficace que s’il s’appuie sur une mobilisation de l’intelligence collective.

Extraits de l’introduction de Xavier Godinot, délégué d’ATD pour la région Océan Indien