Joseph Wresinski, Paroles pour demain

Éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1986, 140 pages

André Modave

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Joseph Wresinski, Paroles pour demain, Éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1986, 140 pages

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André Modave, « Joseph Wresinski, Paroles pour demain », Revue Quart Monde [En ligne], 122 | 1987/1, mis en ligne le 01 septembre 1987, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7715

Ni description de la misère ou de ses causes, ni itinéraire de l’auteur, ce livre donne la parole. A des familles dont beaucoup ignorent qu’elles peuvent dire autre chose que leurs besoins ou leurs difficultés. Ce livre donne la parole dans des domaines qui concernent tout un chacun : la confiance, l’espoir, l’amour, la vie, Jésus et Dieu.

Il fait du Quart Monde un partenaire en philosophie, en théologie, un partenaire soucieux du bonheur de chacun, du riche comme du pauvre.

Il s’ouvre sur trois familles qui témoignent, par leur acharnement et leur peine, de la quête universelle des hommes : est-il encore possible de croire, d’espérer, d’aimer, quand la vie est tellement accablante ? La réponse est tellement au ras du sol que l’auteur se met à genoux pour la découvrir.

Dans une seconde partie, la recherche s’oriente vers Jésus. Les plus pauvres aident à relire les Évangiles. Jésus a refusé de se laisser enfermer par les foules qu’il aimait et qui l’aimaient. Il s’en est allé vers les minorités, vers les rejetés. Il a accepté de se laisser compromettre par eux. Voulant annoncer une parole de fraternité et de paix à tous les hommes, il n’a pas pu faire autrement que de s’attarder auprès de ceux qui souffraient davantage. Il l’a fait au point d’être assimilé à l’un d’entre eux et d’être condamné à mort, comme le plus exclu de son temps.

Mais quelle tendresse, quel respect, dans cette partie, pour les non-pauvres ! Mépriser le riche, à cause de sa richesse, c’est mépriser l’homme et donc insulter le pauvre.

« Face à la misère, même Dieu est en porte-à-faux. » Que peut-on, dès lors, percevoir de Dieu, sans intégrer l’espérance des pauvres, sans intégrer l’espérance du peuple des pauvres ? C’est le sens de la troisième partie. Elle fait des plus pauvres le partenaire nécessaire de tous les chercheurs de Dieu. « Sans eux (les plus pauvres), nous n’imaginons pas l’amour de Dieu moindre, mais autre qu’il n’est. »

Ce livre place donc les familles du Quart Monde à l’intérieur de nos cercles de réflexion et d’action. Elles apportent leur propre pierre à la construction d’un monde plus fraternel et plus respectueux de la dignité de chacun. Mettre cet apport par écrit, et le publier, c’est détruire le mur de l’exclusion, c’est agrandir la famille humaine.

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