Icchokas Meras, Sur quoi repose le monde ?

Ed. Stock, Paris, 1980, 176 pages

Jacqueline Chabaud

Référence(s) :

Icchokas Meras, Sur quoi repose le monde ? Ed. Stock, Paris, 1980, 176 pages

Citer cet article

Référence électronique

Jacqueline Chabaud, « Icchokas Meras, Sur quoi repose le monde ? », Revue Quart Monde [En ligne], 122 | 1987/1, mis en ligne le 01 septembre 1987, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7724

Elle n’a pas de prénom, à peine un visage. A-t-elle même un âge ? Elle a des hommes, mais elle est seule. Elle a des enfants - le sien ou ceux des autres - mais ils lui sont arrachés. Pauvre paysanne, sait-elle seulement qu’elle a le courage de l’amour pour recommencer chaque matin à protéger ces enfants que la vie - non, la mort - lui enlève ? Dans cette campagne de la Lituanie des années 1940, les troupes passent et repassent. Elle ne comprend rien à ces évènements qui la cassent chaque jour un peu plus. Mais elle sait que chaque année, refleurissent le lilas et le tilleul et qu’il faut quand même vivre et faire vivre. Sans ça, sur quoi repose le monde ?

Où est la campagne lituanienne ? Où est la terre des pauvres ? Cette femme-là ressemble comme une sœur à toutes ces « pauvres femmes », qui s’acharnent à donner la vie, jour après jour, envers et contre tout, avec une obstination venue du fond des âges. Dépossédée de son histoire, elle n’est pas une héroïne de roman. L’auteur, Lituanien émigré en Israël, sait bien qu’une femme mère comme celle-ci engendre un long poème. Un chant à lire avec les familles du Quart Monde.

Jacqueline Chabaud

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND