Ignace Rakoto et Sylvain Urfer (sous la direction de), Esclave et libération à Madagascar

Centre Foi et Justice / Éd. Karthala, coll. Hommes et Sociétés, 2014, 367 p.

Daniel Fayard

p. 60-61

Référence(s) :

Ignace Rakoto et Sylvain Urfer (sous la direction de), Esclave et libération à Madagascar. Centre Foi et Justice / Éd. Karthala, coll. Hommes et Sociétés, 2014, 367 p.

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Daniel Fayard, « Ignace Rakoto et Sylvain Urfer (sous la direction de), Esclave et libération à Madagascar », Revue Quart Monde, 233 | 2015/1, 60-61.

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Daniel Fayard, « Ignace Rakoto et Sylvain Urfer (sous la direction de), Esclave et libération à Madagascar », Revue Quart Monde [En ligne], 233 | 2015/1, mis en ligne le 01 septembre 2015, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7855

Cent ans après son abolition officielle le 27 septembre 1896, l’esclavage à Madagascar a déjà fait l’objet de deux colloques scientifiques internationaux en 1996 et 1999, qui ont révélé ou suscité l’engagement d’un certain nombre d’universitaires malgaches pour rompre le silence d’une société qui n’osait pas s’exprimer sur ce sujet.

Cet ouvrage, qui rassemble une quinzaine de contributions, en est le prolongement pour, cette fois-ci, tenter de mieux informer un public plus large et alerter les autorités morales et politiques. En conclusion, ses auteurs signent en effet collectivement des « propositions pour intégrer l’esclavage dans la mémoire collective et pour abolir l’esclavage moderne. »

La première partie offre un « parcours historique » pour rappeler quelques traits significatifs de l’évolution tant des pratiques esclavagistes aux 18ème et 19ème siècles que des tentatives entreprises pour les contrecarrer.

La deuxième partie est entièrement consacrée aux formes modernes d’esclavage dans la société malgache contemporaine. C’est tout à l’honneur des auteurs d’oser ainsi mettre en lumière les conditions de vie inhumaines infligées, dans leur propre pays, en particulier aux enfants, aux femmes et aux travailleurs : exploitation sexuelle et commerciale ou travail domestique des enfants, adoption illicite, travail forcé, esclavage domestique des femmes, servitude pour dettes, traite des femmes, prostitution contrainte, violence conjugale, mariages arrangés, forcés ou précoces…. Mais ils ne se contentent pas de les dénoncer, ils soulignent aussi les efforts accomplis, législatifs par exemple, pour les combattre, grâce d’ailleurs très souvent aux pressions des institutions internationales, même s’ils les jugent insuffisants.

Au-delà, ils n’hésitent pas à s’en prendre même à la tradition et à la coutume :

« La loi sur l’abolition de l’esclavage a bien libéré les esclaves, mais la loi de la tradition continue de sanctuariser des pratiques socioculturelles en télescopage avec les exigences démocratiques et les principes humanistes…. Le maintien de certaines pratiques coutumières à connotation négative ou contraignante est préjudiciable aux libertés individuelles et collectives ; il est assimilable, en ce sens, à une forme de terrorisme culturel. » 

Une troisième partie, « les chemins de la libération » s’emploie à ouvrir de nouvelles étapes à franchir : le dépassement des séquelles du passé, une dynamique socio-économique, la libération politique des descendants d’esclaves, celle des servitudes socioculturelles, un développement durable du secteur minier … et à poser quelques jalons d’ordre théologique et anthropologique : appel à la conversion, promotion de la dignité humaine, option préférentielle pour les pauvres, éducation.

On ne saurait trop recommander la lecture de cet ouvrage, fort bien documenté et facile d’accès. Il a pour ambition « d’aider les descendants d’anciens maîtres comme ceux d’anciens esclaves, à assumer les réalités de l’histoire et d’inciter les responsables des servitudes actuelles à s’affranchir du non-dit et à améliorer les conditions de vie de tous. »1

1 Extrait de la quatrième de couverture.

1 Extrait de la quatrième de couverture.

Daniel Fayard

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