Anina avec Frédéric Veille, Je suis Tzigane et je le reste

City Éditions, 2013, 203 p.

Daniel Fayard

p. 60-61

Bibliographical reference

Anina avec Frédéric Veille, Je suis Tzigane et je le reste,

City Éditions, 2013, 203 p.

References

Bibliographical reference

Daniel Fayard, « Anina avec Frédéric Veille, Je suis Tzigane et je le reste  », Revue Quart Monde, 228 | 2013/4, 60-61.

Electronic reference

Daniel Fayard, « Anina avec Frédéric Veille, Je suis Tzigane et je le reste  », Revue Quart Monde [Online], 228 | 2013/4, Online since 01 May 2014, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7881

Anina nous livre dans cet ouvrage un témoignage attachant et bouleversant, recueilli et élaboré par Frédéric Veille, journaliste à RTL.

Anina est une jeune Rom de Roumanie, arrivée en France avec sa famille en 1997 et aujourd’hui, à 22 ans, étudiante en droit à la Sorbonne à Paris, avec la volonté de devenir magistrate ou à défaut avocate. Il semble qu’elle soit en France la première Rom à atteindre ce niveau d’étude.

La misère, les insultes, les humiliations, les stigmatisations, les camps sordides, la mendicité dans la rue pour survivre… Elle connaît !

« Je vous en supplie, quand demain, dans la rue, vous croiserez une dame au dos courbé, affichette en carton sur les genoux, quand vous verrez qu’assise à côté d’elle il y a une petite fille aux longs cheveux noirs, ne la jugez pas, ne l’insultez pas, ne la frappez pas…J’ai vécu cela, j’en suis marquée à vie. »

Anina raconte son parcours depuis son enfance en Roumanie, la décision de ses parents de partir en France à la recherche d’une vie meilleure, le voyage clandestin semé d’obstacles et d’embûches, l’échouage dans les bidonvilles de Rome puis de Lyon, des hébergements temporaires à Macon et Valence avant de trouver un logement stable à Bourg en Bresse, permettant à elle et à ses sœurs une vraie scolarité, où elles se révéleront des élèves brillantes.

Le récit d’une vie difficile donc, mais tout autant l’attestation maintes fois réitérée de la force de ses liens familiaux (elle ne tarit pas d’éloge sur le courage et le soutien de ses parents) comme de la fierté de sa culture Rom (une appartenance identitaire dont les siens n’ont pas honte, même si parfois son propre père a dû la dissimuler pour pouvoir se faire admettre).

Anina a conscience d’avoir eu beaucoup de chance en bénéficiant de certaines opportunités favorables pour en être arrivée là où elle est aujourd’hui. Mais elle a voulu à travers ce livre donner un espoir à tous les jeunes de sa communauté : un autre avenir est possible pour les Roms que celui d’une perpétuelle relégation aux marges de la société.

Un livre très facile à lire que l’on peut aussi offrir à toute personne désireuse de mieux connaître le vécu des familles tziganes réfugiées, à des jeunes de tous milieux pour qu’ils puissent mieux demain bâtir une société plus fraternelle.

Daniel Fayard

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