Djiby Sy et Roger Lavergne, La véritable histoire de Monsieur Sy

Éd. Sépia, 2011, 159 p.

Daniel Fayard

p. 62-63

Référence(s) :

Djiby Sy et Roger Lavergne, La véritable histoire de Monsieur Sy, Éd. Sépia, 2011, 159 p.

Citer cet article

Référence papier

Daniel Fayard, « Djiby Sy et Roger Lavergne, La véritable histoire de Monsieur Sy », Revue Quart Monde, 224 | 2012/4, 62-63.

Référence électronique

Daniel Fayard, « Djiby Sy et Roger Lavergne, La véritable histoire de Monsieur Sy », Revue Quart Monde [En ligne], 224 | 2012/4, mis en ligne le 01 mai 2013, consulté le 23 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7892

Monsieur Sy est un travailleur émigré vivant depuis cinquante ans en France, où il est arrivé en 1961 à l’âge de quatorze ans. Il raconte ici son histoire à Roger Lavergne qui en a rédigé le récit, depuis son enfance au village jusqu’au quartier de Bois-l’Abbé à Champigny où il réside aujourd’hui.

C’est une autobiographie précieuse parce qu’il est relativement rare de pouvoir revivre de tels parcours avec les yeux, les sentiments, les mots et les réflexions d’un émigré, parti illettré et parvenu à ce degré de sagesse que confère l’expérience et qui lui permet aujourd’hui d’être considéré par tous comme Monsieur Sy.

En ce sens, son histoire est emblématique. Elle permet d’entrevoir quel peut être le vécu de tous ces émigrés d’origine africaine dans nos sociétés européennes. Aussi cet ouvrage, extrêmement facile à lire, est-il à recommander auprès de tous les publics pour aider à une meilleure compréhension, nécessaire pour vivre ensemble dans une société multiculturelle.

Il y a deux grands pôles d’intérêt dans ce récit.

D’une part, l’itinéraire personnel de l’auteur, avec ses découvertes, ses difficultés d’adaptation, ses déboires, ses étonnements, ses capacités de relations, ses engagements associatifs et syndicaux, son souci de sauvegarder des liens avec son village d’origine.

D’autre part, les jugements qu’il porte, perspicaces et souvent critiques sur certains aspects de la société française, mais encore plus sur les pratiques sociales de ses compatriotes qui vivent trop souvent en France « avec le village dans la tête », comme sur celles des notables africains qui ne sont pas vraiment au service du développement de leur pays.

Et bien sûr, chemin faisant, il évoque tous les chocs culturels et les déchirements induits par les phénomènes de l’émigration et de l’immigration. Ceux qui sont relatifs par exemple au regroupement familial, à la conception de la famille, au mariage et à la polygamie, aux relations parents-enfants, à l’éducation et à la scolarisation des enfants, au risque de délinquance. Il évoque également les difficultés d’accès à des papiers, à un logement, à une retraite décente. Il souligne l’importance et l’enjeu que représentent les transferts d’argent, ainsi que l’ambigüité de l’aide au retour.

Cette longue expérience du vivre en France permet à l’auteur aussi bien de porter des regards neufs pour un meilleur développement solidaire et une meilleure coopération internationale que de faire valoir des pratiques de solidarité au sein des communautés locales dans un pays européen.

Daniel Fayard

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND