Patrick Chamoiseau, Chronique des sept misères

Editions Gallimard, Paris, 1986, 212 pages

Marinette Duchêne

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Patrick Chamoiseau, Chronique des sept misères, Editions Gallimard, Paris, 1986, 212 pages

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Marinette Duchêne, « Patrick Chamoiseau, Chronique des sept misères », Revue Quart Monde [En ligne], 126 | 1988/1, mis en ligne le 01 octobre 1988, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8768

Ce très beau livre d’un style imagé, vivant, direct et maîtrisé, allie une belle langue française au langage qu’en tirent les Martiniquais. Il fait ainsi entrer le lecteur dans un monde inconnu, plein de « cette science héritée, imperceptible, de ceux qui n’ont que le battement de leur cœur ».

En racontant le roman à la fois réaliste et fantastique du héros, surgissant d’une saga foisonnante, l’auteur révèle la pauvreté (jamais décrite en tant que telle) d’un peuple peu à peu exclus de son propre pays. Il découvre ainsi une pensée parallèle à celle du monde occidental, et un mur d’incompréhension de part et d’autre.

Le lecteur est constamment tenu en haleine par les manières distantes dont l’auteur décrit les siens avec un humour dévastateur, mais en faisant toujours surgir la gaieté, le courage, la richesse de ce peuple industrieux. Ce peuple renaît avec ardeur de chaque nouvelle misère mais prend pourtant conscience « de devenir l’écume inutile d’une vie qui change ».

Par petites touches, avec un humour féroce, l’auteur montre les occidentaux colonisateurs, pleins d’une histoire incompréhensible, d’une suffisance bornée, qui croient bien faire en permettant des vies « substantées d’amertume et d’aide sociale ».

On sort de cette lecture ébloui d’une force de vie, et le cœur serré par ce qu’on en a fait.

Marinette Duchêne

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