René Dumont, Pour l’Afrique, j’accuse.

Plon (Terre humaine), Paris, 1985 ,458 pages.

Dominique Cornet

Bibliographical reference

René Dumont, Pour l’Afrique, j’accuse, Plon (Terre humaine), Paris, 1985 ,458 pages.

References

Electronic reference

Dominique Cornet, « René Dumont, Pour l’Afrique, j’accuse.  », Revue Quart Monde [Online], 130 | 1989/1, Online since 01 October 1989, connection on 28 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8844

En 1962, à l’aube de l’indépendance de l’Afrique noire, René Dumont a alerté l’opinion mondiale avec « l’Afrique noire est mal partie ». Ses mises en garde furent contestées. Mais la réalité fut hélas pire. Si, aujourd’hui encore, il prend sa plume, c’est parce que l’Afrique est au bord de l’effondrement, à commencer par le Sahel qui est menacé de disparaître rongé par le désert, écrasé par la faim : « le plus grand désastre frappant la planète depuis la dévastation de l’Europe par la seconde guerre mondiale… »

René Dumont s’intéresse principalement au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Il analyse en détail les causes de l’avancée du désert et de l’extension de la famine. Les explications techniques, qui constituent la majeure partie du livre, sont simples et accessibles à tous.

S’il a, un temps, critiqué vivement le totalitarisme des pays à planification centralisée, il entend bien dénoncer tous les totalitarismes, quels qu’ils soient. Il met aujourd’hui en cause le système économique libéral : la Banque mondial et le Fond monétaire international consentent des prêts aux Etats africains à la condition expresse que leurs économies soient tournées vers le marché mondial ; celui-là même qui les conduit à la ruine. Etranglés par leurs dettes, ils ne peuvent s’échapper du système.

Ce livre est aussi, pour René Dumont, l’occasion de rappeler le gaspillage des ressources naturelles de la planète. Il nous met fermement en garde : le mode de vie occidental « va laisser un monde invivable aux générations futures ».

Face à ces états de faits menaçants, il voit dans les associations tiers-mondistes un germe d’espoir. Il leur est, certes, arrivé de commettre des erreurs, mais elles ont aidé l’Afrique à se nourrir elle-même. Elles demeurent un point d’appui pour un pouvoir bienveillant.

CC BY-NC-ND