Amadou Hampaté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul. Mémoires.

Editions Actes Sud, 1991, 410 pages

Jean Monge

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Amadou Hampaté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul. Mémoires, Editions Actes Sud, 1991, 410 pages

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Jean Monge, « Amadou Hampaté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul. Mémoires.  », Revue Quart Monde [Online], 143 | 1992/2, Online since 19 May 2020, connection on 19 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8938

L’Afrique profonde en plein cœur.

Hampaté Bâ, mort en mai 1991 à l’âge de 90 ans, nous avait déjà conquis avec son roman « L’étrange destin de Wrangé » ou les roueries d’un interprète africain (Editions 10X18), de nombreux contes et son livre publié au Seuil (Points Sagesses) sur son maître le sage de Bandiagara (Mali) « Vie et enseignement de Tierno Bokar. »

A sagesse, humour, tolérance, bienveillance, j’ajouterai poésie naturelle. Ces valeurs, ces aptitudes caractérisent bien ce grand africain.

C’est de cet homme tout simple, profondément musulman, siégeant au Conseil exécutif de l’Unesco que nous tenons la sentence « En Afrique quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle. »

Le père Joseph faisait référence à lui pour dire combien il était important de recueillir sans les trahir les paroles des plus démunis.

Hampaté Bâ fut et demeure un de ceux qui ont le plus fait pour que ne se perdent pas tout le savoir, toute la saveur, toute l’humanité des cultures orales africaines.

Ces « Mémoires » sont celles des souvenirs, le plus souvent heureux, de ses vingt premières années de 1900 à 1922, aux alentours de Bandiagara. La colonisation, la soumission aux blancs en ces années-là, la guerre de 1914 qui commence à entamer le mythe blanc. L’apprentissage de la tolérance grâce à son frère, ses maîtres dont Tierno Bokar, sa foi musulmane si grande et si belle, son respect des autres religions, l’importance de la circoncision, de la vie en groupe des jeunes, sa sagesse vis-à-vis du pouvoir, de l’argent. Et par-dessus tout cela la figure fière, digne, de sa mère indomptable : « Ma fille, lui dit un grand chef, je te crois capable de gauler les étoiles si tu t’y mettais. »

Pour moi un livre « incontournable », indispensable sur l’Afrique et si savoureux ! Un jalon pour avancer vers l’acceptation pluraliste du monde. Oui, les autres ont à nous apprendre.

Jean Monge

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