Thula Baba, Je pleure mon bébé

Editions d’en bas, Lausanne, 87 pages

Chantal Ricard

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Thula Baba, Je pleure mon bébé, Editions d’en bas, Lausanne, 87 pages

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Chantal Ricard, « Thula Baba, Je pleure mon bébé », Revue Quart Monde [En ligne], 144 | 1992/3, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8943

Ce poème bouleversant est l’œuvre de cinq employées de maison en Afrique du Sud dans une classe d’alphabétisation. Soumises à des lois très contraignantes et au bon vouloir de leurs patronnes, elles sont très seules pour affronter la vie en ville. « Nous vivons seules. Nous travaillons seules. Et nous sommes seules pour souffrir. » On les traite comme des enfants.

« Pourtant nous sommes des femmes, des mères au corps puissant à force de gros travaux, aux pleurs immenses à force de souffrance. » Elles ont les pires difficultés pour garder leurs enfants.

« Madame ne veut pas qu’elle garde l’enfant avec elle en ville. Qu’elle choisisse, a-t-elle dit : le travail ou l’enfant. « Matshipo s’est mise à pleurer toutes les larmes retenues dans son corps depuis des années.

« C’est terrible pour une mère de renvoyer son enfant. C’est terrible pour un enfant de perdre sa mère. » Leurs conditions d’existence sont misérables.

« Moi, j’habite dans la chambre du fond, comme dans toutes les chambres près du fond, il y fait trop chaud en été et trop froid en hiver. »

Le style de ce petit livre parfaitement dépouillé et direct va droit au cœur et exprime comme une vérité poignante le drame de ces vies. Seule l’amitié entre elles cimentée par ce partage de la misère leur apporte quelque joie de vivre, et pourtant ce poème est plein de fraîcheur de cœur, il n’exprime aucune animosité, il résonne comme une promesse célébrant la douleur et l’amour de ces cœurs de mères.

Chantal Ricard

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