Wilfred Thesiger, Le désert des déserts

Ed. Plon, Coll. Terre humaine, 1978, 413 pages

Jean Monge

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Wilfred Thesiger, Le désert des déserts, Ed. Plon, Coll. Terre humaine, 1978, 413 pages

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Jean Monge, « Wilfred Thesiger, Le désert des déserts », Revue Quart Monde [Online], 147 | 1993/2, Online since 19 May 2020, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8968

L’auteur, anglais, né en 1910, ayant goûté dès 1935 au désert saharien, n’a de cesse d’y retourner. Il sera envoyé en Arabie durant la guerre et dès 1945, sous le prétexte d’étudier les locustes, criquets migrateurs, il sera parmi les premiers Européens à pénétrer au « désert des déserts », le grand désert arabique.

De 1945 à 1950, il le parcourra en trois ou quatre expéditions de plusieurs mois avec les Bédouins nomades dont il est devenu l’ami, partageant leur vie, au même rythme, au même niveau. Plusieurs fois il risquera de mourir de faim ou de soif, d’être tué par des tribus ennemies ou parce qu’il est « infidèle. »

Ecrit simplement mais avec beaucoup de charme, le récit captivant, enthousiaste, transporte au désert. Thesiger fait « comprendre » les mœurs différentes qui ont permis à cette civilisation du désert de se maintenir jusqu’à nous, en lignage direct et pur. La loi suprême c’est l’hospitalité. Personne ne l’enfreint car d’elle dépend demain le salut après des jours et des jours sans eau ou sans nourriture.

Bien d’autres traits des Bédouins nomades - ainsi que ceux des Arabes très proches d’eux - nous deviennent compréhensibles, même avec leurs contradictions violentes : prodigalité - avarice, patience - susceptibilité, courage - émotivité injustifiée, etc. Les mêmes contradictions qui nous surprennent souvent chez les plus pauvres.

Thesiger affirme : « Jamais je ne me suis senti aussi humble que parmi ces bergers illettrés qui possédaient à un degré plus élevé que moi, fierté et dignité, générosité et courage, endurance, patience, bravoure et gaieté. » « … Devant aucun autre peuple, je n’ai cruellement éprouvé le sentiment de ma propre infériorité. »

Dans un style très personnel, il nous partage son expérience comme à un proche. Il nous dit combien notre civilisation, nos valeurs, nos critères ne sont pas la panacée pour que tous les hommes accèdent à la liberté et puissent vivre ensemble.

« Nul homme après avoir connu cette vie ne peut demeurer le même. »

Jean Monge

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