Pira Sudham, Enfances thaïlandaises

Editions Fayard, Coll. Les enfants du fleuve, 1990, 174pages

Catherine Theurillat

Référence(s) :

Enfances thaïlandaises

Pira Sudham Enfances thaïlandaises, Editions Fayard, Coll. Les enfants du fleuve, 1990, 174pages

Citer cet article

Référence électronique

Catherine Theurillat, « Pira Sudham, Enfances thaïlandaises », Revue Quart Monde [En ligne], 147 | 1993/2, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8970

Dans ce livre, comme dans le précédent de l’auteur, (Terre de mousson, éd. Olizan, Genève, 1989), c’est le cœur de la Thaïlande qui bat, c’est l’âme des « petits », des humbles, de ceux des campagnes qui se désertifient, de ceux des poches de misère créées par la grande ville et son essor.

C’est le cœur, le souffle d’un peuple en marche dans un monde en mutation, où tout va si vite que certains s’essoufflent à courir et s’arrêtent en bordure du chemin, que certains perdent leur âme dans le clinquant de la modernité.

C’est le cœur, le souffle d’un peuple du courage où il n’est plus toujours possible de croire en l’immuabilité des choses, quand chaque jour il faut se recréer de nouveaux repères.

Le ton du livre sonne si juste à mon oreille que sur chaque personnage décrit, je peux mettre un visage, un nom, d’un de ceux que pendant plusieurs années j’ai rencontrés, connus, aimés dans les rues et bidonvilles de Bangkok.

Seul regret que j’adresserais à Pira Sudham : les petits, les humbles – qu’il doit beaucoup aimer pour en parler si bien – ne liront pas son livre. Son chant ne sera pas caresse à leur oreille, car ses livres, celui-ci comme les autres, Pira Sudham les a écrits en anglais.

Mais je souhaite que beaucoup puissent savourer ce livre. Car l’auteur a su, malgré la langue étrangère, rendre la bonne tonalité, conserver toute la poésie contenue dans la langue thaïe et permettre aussi à des Farangs (étrangers blancs) d’entrapercevoir l’âme thaïlandaise.

Un conseil : lisez et relisez encore le prologue.

La pluie

Poème inspiré de la première nouvelle

Du livre Enfances thaïlandaises.

Sécheresse – Vent – Poussière - Famine

Enfants qui observent…

Enfants qui observent et ne comprennent pas,

Ils ne sont pas admis dans la douleur des adultes.

Sécheresse – Vent – Poussière - Famine

Ils ne peuvent que regarder

Regarder les rites magiques,

La sauvagerie désespérée…

Que regarder le dernier espoir

Quand les ressources humaines ont échoué.

Enfants qui observent et ne comprennent pas

Les rites accomplis par les anciens.

Sécheresse – Vent – Poussière - Famine

Et toucher le fond du désespoir

Si son ami s’en va.

Sécheresse – Vent – Poussière - Famine

Un enfant s’offre en sacrifice aux Puissances.

Lui, si petit, ne pourra manquer d’être pris en pitié.

CC BY-NC-ND