Michel Puech, Développement durable : un avenir à faire soi-même

Ed. Le Pommier, 2010, 240 p.

France Navarro

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Michel Puech, Développement durable : un avenir à faire soi-même, Ed. Le Pommier, 2010, 240 p.

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France Navarro, « Michel Puech, Développement durable : un avenir à faire soi-même », Revue Quart Monde [En ligne], 216 | 2010/4, mis en ligne le 22 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9021

Pour l’auteur, maître de conférences en philosophie à l’université Paris-Sorbonne, la question est de savoir si le développement durable (dit encore « soutenable ») est un problème de géopolitique qui nous dépasse ou un problème de micro-actions qui nous concerne.

Du système actuel, il fait deux critiques majeures : d’une part la délégation des problèmes de développement durable à des institutions (puis à des experts) conduit à un engluement de ceux-ci, alors que ce dont nous avons besoin, c’est de rétablir les mécanismes de l’action ; d’autre part, « l’économisme » - discipline où sont intriqués l’économie, la politique et le pouvoir - réduit les réalités sociales aux réalités économiques.

L’auteur propose une « coévolution » prenant en compte l’économique, l’humain et la nature. Il faut, dit-il encore, privilégier les micro actions individuelles de terrain, agir directement sur le local et le concret en développant la culture du collaboratif : projets d’infrastructure, initiatives sociales... qui peuvent ensuite s’étendre et s’insérer dans le tissu institutionnel existant. Il faut porter son attention, non plus sur les courbes de croissance, mais sur les cycles (écologiques, économiques et sociaux) en ayant le souci de « boucler les cycles ». Cette mutation de la production peut être conçue comme un levier de rentabilité pour les producteurs (fabrication d’objets fiables et réparables) et un moteur en termes d’innovation, de technologie et d’emplois. Elle n’oppose pas les domaines du marché et du non marché mais crée des synergies entre eux.

Pour l’auteur enfin, on ne peut parvenir au changement requis que par une prise de conscience s’accompagnant d’une recherche de ses vrais besoins et des moyens les plus simples pour les satisfaire s’appuyant sur les notions de satiété (avoir assez) et de frugalité (maîtriser ses besoins). Il faut réduire de façon importante la quantité de biens achetés, ne plus considérer qu’un déplacement est un acte indifférent, ou que se reproduire est un acte purement privé alors que la dénatalité constitue l’une des solutions centrales au problème. La vie soutenable s’élève ainsi au rang de réalité politique et éthique de premier rang.

Très étayé, notamment sur les plans économique et scientifique, ce projet, qui repose sur le simple, le local, le concret, constitue un vrai retournement dans la façon d’envisager le développement durable. Il interpelle parce que fondé sur la responsabilité et le potentiel d’action de chacun.

(Pour en savoir plus et participer au forum consulter le site du livre : http://technosapiens.free.fr)

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